La Commission communautaire commune a récemment publié une nouvelle mouture de l'arrêté relatif au soutien des pratiques multidisciplinaires et des jeunes médecins généralistes à Bruxelles. Cet arrêté reprend la liste des quartiers en pénurie, que nous publions ici, et qui suscite de nombreuses interrogations sur la pertinence des données utilisées.

À la mi-janvier, la Commission communautaire commune publiait une nouvelle mouture de l'arrêté relatif au soutien des pratiques multidisciplinaires et des jeunes médecins généralistes à Bruxelles. Parmi les conditions d'obtention de la prime, il faut que le jeune généraliste s'installe dans un "quartier en pénurie". Mais pour définir correctement ces quartiers en pénurie, il faut disposer d'une cartographie précise et à jour des lieux d'exercice des généralistes.

Dans le premier chapitre du nouvel arrêté, qui définit les termes utilisés dans la suite des textes, la notion de "quartier en pénurie" n'est pas précisée. Cependant, l'article 19 de l'arrêté stipule que "les quartiers en pénurie de médecins généralistes sont définis en référence au monitoring des quartiers tel qu'établi par l'Institut Bruxellois de Statistique et d'Analyse (IBSA)". (Voir la liste ci-dessous).

Des données obsolètes

Sur le site de l'IBSA, le seuil de pénurie au niveau communal est établi à 90 médecins pour 100.000 habitants. Une carte est disponible, mais elle date de 2017 (publiée en 2018). La liste des médecins généralistes actifs en Région bruxelloise a été constituée sur la base des listes de la FAMGB. La publication prochaine d'une mise à jour est annoncée. "Cela fait longtemps qu'elle est annoncée", proteste le Dr Michel De Volder président de la FAMGB. "Mais le problème n'est pas là", ajoute-t-il.

Un manque de granularité dans les données

"Nous avons depuis longtemps insisté sur une granulation plus fine des relevés. Il ne suffit pas de faire un recensement commune par commune, ni même quartier par quartier. Imaginons un généraliste installé seul dans une rue frontalière avec une autre commune que la sienne. Si, de l'autre côté de la même rue, il y en a trois autres, qui sont dès lors implantés dans une autre commune que le premier confrère, on va considérer que le quartier du premier est en pénurie. Cela n'a pas de sens." Michel De Volder se plaint qu'une fois de plus, les acteurs de terrain n'aient pas été consultés ni entendus dans leurs requêtes.

Des données mises à jour, mais pas utilisées

"À la FAMGB, nous avons les relevés de tous les médecins généralistes et de leur type d'activité. Les moyens d'une analyse fine existent dans nos statistiques. Et elles sont à jour. Mais on ne s'en sert pas comme il faudrait", regrette-t-il.

Du côté de Vivalis on annonce que des réunions concernant la nouvelle cartographie se tiendront début février.

Des risques de conflits avec l'actualisation des listes

La question de l'actualité des données est préoccupante également. En publiant des noms de quartiers en pénurie, tout en annonçant une nouvelle cartographie, ne crée-t-on pas une source de conflit ? La liste est fixée dans l'arrêté, alors que la nouvelle statistique pourrait bien nous montrer qu'elle a évolué et que des quartiers en pénurie pourraient ne plus y être, tandis que de nouveaux quartiers pourraient y être entrés. Quid, alors, des jeunes médecins qui auraient déjà introduit leur demande et seraient en attente de réponse ? La question est posée.