Médecine générale : qu'attendre de la réunion au cabinet Vandenbroucke ?

Ce mercredi, une nouvelle réunion se tiendra au cabinet du ministre de la Santé, Frank Vandenbroucke, pour discuter de plusieurs dossiers cruciaux concernant la médecine générale. Parmi les sujets abordés, la phono-consultation, le conventionnement des médecins et l’organisation des gardes. Medi-Sphere a interrogé les représentants du GBO et de l'ABSyM avant cette réunion.

Le Dr Luc Herry de l’Absym a de nouveau exprimé ses préoccupations concernant l’absence de financement pour les phono-consultations, soulignant qu'elles permettent de réaliser des économies substantielles pour la sécurité sociale. "La phono-consultation fait économiser plus de 100 millions d’euros", a-t-il rappelé. Il avertit cependant qu'en l'absence de financement dédié, les médecins seront contraints de rediriger les patients vers des consultations plus coûteuses en cabinet ou à domicile. "Si ce dossier ne progresse pas, cela coûtera plus cher, car les médecins seront contraints d’effectuer davantage de visites", a-t-il insisté.

Le Dr Lawrence Cuvelier, président du GBO, a exprimé son désarroi face à l’absence de solution concrète. "Le ministre est déçu que l’on ne parvienne pas à trouver un accord entre les syndicats. Le budget des phono-consultations a explosé, car l'INAMI n'avait pas anticipé cette dépense", a-t-il expliqué. Le GBO propose de financer en partie la phono-consultation par une légère augmentation du ticket modérateur pour les patients non BIM, afin de dégager les fonds nécessaires pour financer cette pratique, tout en garantissant l’accès aux soins pour les plus vulnérables. "Nous proposons d’augmenter le ticket modérateur d’un euro pour les patients non BIM, afin de dégager une partie du budget nécessaire pour financer la phono-consultation, tout en maintenant l’accès aux soins pour les patients précaires", a-t-il précisé.

Le Dr Luc Herry a également rappelé que financer les phono-consultations coûte moins cher que d’envoyer les patients aux urgences. "Les services d’urgence sont saturés, et quand les patients sont renvoyés vers les généralistes, ces derniers n’ont plus de place pour les recevoir. Financer la phono-consultation est une solution bien plus économique pour la sécurité sociale que d'envoyer ces patients aux urgences", a-t-il précisé. L'Absym propose de doubler le ticket modérateur pour tous les patients, tandis que le KCE a préconisé l'indexation du ticket modérateur afin de l'adapter à l'inflation et de garantir que celui-ci suive l'évolution économique.

Prochaine étape le 12 mai

Le Dr Cuvelier a précisé que le dossier de la phono-consultation ne sera probablement pas résolu lors de cette réunion. "De toute façon, au niveau de la phono-consultation, il faudra attendre la Médicomut du 12 mai et je doute que d’ici là, nous soyons parvenus à trouver un terrain d’entente avec les autres syndicats", a-t-il déclaré.

Conventionnement des médecins : une question de liberté et de flexibilité

La question du conventionnement des médecins reste un sujet de tension. Le Dr Luc Herry a exprimé son opposition à l’idée de rendre le conventionnement obligatoire pour certains patients, notamment les BIM. "C’est une atteinte à la liberté des médecins. Demander à un médecin de pratiquer à prix réduit pour certaines catégories de patients, c’est comme demander à un boulanger de vendre son pain à un prix inférieur pour certains clients", a-t-il réagi. L’Absym envisage un recours au niveau européen si cette mesure est mise en place. "Les médecins risquent de quitter la Belgique si ces politiques continuent", a-t-il averti.

De son côté, le Dr Cuvelier a défendu un conventionnement plus flexible, permettant aux médecins de répondre aux besoins des patients tout en préservant leur liberté professionnelle. "Il faut éviter un déconventionnement massif, surtout chez les spécialistes, car cela risquerait de déstabiliser l’équilibre du système de soins", a-t-il souligné. Le GBO propose d’adapter le conventionnement pour permettre aux médecins de répondre aux besoins des patients sans alourdir leur charge financière.

Les gardes : une rémunération insuffisante et une réorganisation nécessaire

La question de la garde en médecine générale devrait également être abordée lors de cette réunion. Le Dr Cuvelier a souligné que certaines régions, notamment dans le sud du pays, souffrent d’une faible densité de population, rendant difficile l’organisation des gardes. "Il est essentiel que l’État garantisse un honoraire suffisant pour les médecins de garde, surtout dans les zones rurales", a-t-il insisté. Le GBO plaide également pour une réorganisation du système de garde, afin de garantir un tri efficace des appels sous la responsabilité de l’État et limiter ainsi les recours inappropriés aux urgences.

Nul doute que l’arbitrage des débats ne sera pas simple...

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