Médecine sous contrainte : prescrire mieux ou perdre des honoraires.

Le budget 2025 des soins de santé prévoit une économie de 16 millions d’euros grâce à un comportement prescripteur plus encadré. Les médecins devront garantir ce montant sous peine de voir leurs honoraires réduits.La Commission médico-mutualiste (médicomut) devra présenter au plus tard ce 1er mai 2025 une proposition opérationnelle de garantie budgétaire.

Les prescripteurs jouent un rôle clé dans la politique pharmaceutique, rappelle le point 3.3.3 C du budget de la santé 2025 adopté le 14 avril au Conseil général de l’assurance soins de santé de l'Inami. Soutenus par des directives, des indicateurs et un feed-back personnalisé, les médecins seront désormais soumis à une nouvelle contrainte : si les économies visées pour 2025 ne sont pas réalisées, les honoraires médicaux seront mis à contribution pour combler l’écart.

La Commission médico-mutualiste (médicomut) devra présenter au plus tard le 1er mai 2025 une proposition opérationnelle de garantie budgétaire. Cette garantie est censée encadrer la manière dont la couverture des 16 millions d’euros sera assurée, avec une priorité donnée à la mise en œuvre de mesures d'efficacité avant toute ponction sur les honoraires.

Il s’agit ici, non pas de déterminer comment réduire la consommation de médicaments – d’autres mesures sont prévues à cet effet – mais bien de décrire, dans le cas où les mesures d’efficience prescrites ne généreraient pas les 16 millions d’euros attendus, comment une réduction des honoraires médicaux permettra d’atteindre cette économie. Plusieurs pistes ont été évoquées par le passé:  : réduction d’index, réductions ciblées, quotas de prestations, forfaits, etc.

 L’INAMI demande en outre à la CNMM de proposer avant le 1 mai de nouvelles modalités de prescription visant à atteindre les 16 millions. Parmi les pistes retenues pour maîtriser la prescription figurent :

  • Le lancement des traitements avec des petits conditionnements, avec la possibilité pour le pharmacien de substituer d’office à la première délivrance ;

  • La mise en place de quotas de prescription de biosimilaires, élaborés par la Task Force Biosimilaires d’ici le 30 juin 2025 ;

  • Le renforcement des quotas de prescription de médicaments moins chers, une mission confiée à la médicomut pour le 30 juin ;

  • L’élaboration de directives et d’indicateurs concernant notamment les traitements de deuxième et troisième ligne pour le diabète et l’hypercholestérolémie familiale, en collaboration avec la Commission de remboursement des médicaments (CRM) ;

  • Le lancement d’au moins deux révisions de groupe chaque année par la CRM.

La médicomut pourra également proposer des mesures complémentaires pour atteindre les objectifs fixés.

Cette approche n’est pas sans rappeler le système de bonus-malus expérimenté en Allemagne, où les prescriptions des médecins étaient soumises à des objectifs de coût moyen par dose journalière, sous peine de pénalités financières. Contesté pour le risque de sous-prescription qu’il faisait peser sur la qualité des soins, ce système a depuis été assoupli, voire suspendu dans plusieurs régions.

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