Les républicains à la Chambre américaine des représentants ont adopté jeudi une proposition de loi imposant des soins aux bébés "nés vivants" lors d'un avortement, un texte que les démocrates rejettent en affirmant que de telles dispositions existent déjà en droit.
Le texte, qui doit désormais être étudié par le Sénat, imposerait au personnel soignant de fournir aux bébés "nés vivants" après une interruption volontaire ou médicale de grossesse le "même degré de compétence professionnelle, de soins, et d'assiduité" qu'à tout autre nouveau-né.
Les médecins contrevenants encourraient des amendes et jusqu'à cinq ans de prison.
Les démocrates rejettent régulièrement des projets de loi similaires de la droite américaine, les estimant redondants par rapport au droit actuel. La loi américaine interdit déjà au personnel soignant de tuer ou négliger un nouveau-né.
"Le but de ce texte est de cibler et d'intimider" les médecins qui pratiquent des avortements, a accusé le sénateur démocrate Dick Durbin.
Dans les cas où le bébé n'a aucune chance de survivre en raison de problèmes médicaux, certains parents préfèrent consacrer les quelques minutes dont ils disposent à tenir leur enfant plutôt que de le voir soumis à des soins "futiles", a-t-il fait valoir. Un tel texte enverrait en prison les médecins qui respecteraient le choix des parents, a martelé le sénateur Durbin.
Malgré l'échec d'un texte similaire au Sénat mercredi, les républicains souhaitent voir les démocrates voter publiquement contre une mesure qui se targue de combattre les "infanticides".
"De manière tragique, les démocrates à la Chambre se sont opposés au texte, ont voté en faveur des infanticides, et ont choisi de refuser des soins médicaux à des nouveaux-nés en pleurs sur les tables d'opération, se battant pour vivre", a déclaré le président républicain de la Chambre des représentants, Mike Johnson.
Donald Trump se targue d'avoir, par ses nominations de trois juges conservateurs à la Cour suprême durant son premier mandat, permis l'annulation en juin 2022 de la garantie fédérale du droit à l'avortement.
Depuis, une vingtaine d'Etats ont interdit l'IVG, qu'elle soit réalisée par voie médicamenteuse ou chirurgicale, ou l'ont strictement encadrée.
Certaines associations s'inquiètent de la perspective de nouvelles attaques contre le droit à l'avortement avec le retour du républicain à la Maison Blanche. Selon elles, l'accès à la pilule abortive est dans le viseur du camp conservateur.
La grande majorité des avortements aux Etats-Unis sont effectués avant la viabilité du foetus: moins de 1,3% sont réalisés après 21 semaines de grossesse, selon la principale agence sanitaire fédérale aux Etats-Unis, les CDC.