Jack Keguenne: Dans l’éclairage des poèmes

Dans la poésie de Jack Keguenne , et encore plus ici dans son récent et important recueil A la lanterne , c'est de l'architecture du monde sans cesse faite et défaite par les récits des hommes qu’il est question…Reconstruits à l'infini; et où le poète a une place éminente, ces récits, textes, poèmes tiennent le monde « ensemble » quand ils transforment  émotions, observations, sentiments, pensées en éclats de vers. 

Vivre lent, dans l'exactitude des naufrages. Maquiller le verbe, tenir debout, étreindre 

Ce qui subsiste aura valeur d'horizon.

Écrits pendant les années Covid et publiés régulièrement sur un des réseaux sociaux, ces poèmes manifestent la grande solitude de l'écrivain en cette époque de confinement mais aussi, de rupture des relations sociales. C'est ainsi qu'il clôture souvent, hormis les adresses à des amis, par ces mots « à moi-même - et ça ira ». Jolie formule, surprenante et marquée d'une sorte de pensée magique propre à l'enfance et peut être aussi à celles et ceux qui gardent suffisamment espoir dans un futur même s'il nous semble sombre. 

Rappelons qu'en 2009 l'auteur publiait un essai, Notes sur l'amour aux éditions Aesth où il dévoilait déjà, de façon fine et circonstanciée, cette philosophie qui anime le poète et qui se fonde sur la construction permanente d'un lien secret et déclaré, intime et social avec l'humanité toute entière. 

Envisager les aventures, la couleur des fleurs et les cailloux du chemin, des murs essoufflés. 

Sur la chaise du bureau, une querelle intime, une ruine régulière. Un chagrin de pentes. 

Mourir au quotidien 

Une écriture apparemment nonchalante mais qui reprend régulièrement en charge la question du visible et de l'invisible, des clôtures et des espaces infinis, de la parole déliée et des ponctuations de visions où la nature est omniprésente, sous toutes formes d'éléments confrontés aux traces anciennes et contemporaines de nos architectures. Les constructions et créations esthétiques façonnent et accueillent le trajet des hommes et des femmes souvent condamnés à avancer en tâtonnant les vestiges de la raison. 

A la lanterne peut subrepticement éclairer le passant dans les ruelles obscures et les passantes sur les crêtes des inquiétudes contemporaines. 

Un livre majeur qui vient de recevoir en 2025 le Grand Prix de Poésie de l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique. Une belle pierre sur le chemin où nous allons ! 


Jack Keguenne, A la lanterne, poésie, collection Poétiques des éditions Asmodée Edern, 2025, 244 pages, 22 euros, ISBN 978-2-3907-5018-5 

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