Nicole Marlière vient de publier son quatrième roman, « L'homme-enfant », où elle traite encore, de façon aiguë et libre, des relations des hommes des femmes, des amants, des mères et de leurs enfants. Il ne s’agit pas ici de lamentations ou d' accusations de bon ton, mais d’une sorte d'auscultation, dans un récit court et dense, de ces relations mal fagotées qui oscillent entre l'amour et la dévoration, l'asphyxie et la culpabilité,
Les dialogues sont percutants, la trame narrative ne s'égare pas dans des réflexions de bienveillance de notre époque. L’auteure, déjà, dans son précédent roman chez le même éditeur, « Les étés de Jeanne », avait parlé d'une voix forte et libre de ce que l'on pourrait appeler la hiérarchie des responsabilités, l'éducation, la liberté, qui a toujours un prix, et renvoyait dos à dos les adeptes des lamentos victimaires.
Ce roman choral organise le récit des relations dans une forme qui pourrait être un formidable scénario de notre Occident ou les mères deviennent un peu partout, dans la presse, sur les réseaux des mamans comme si le mot de mère, chargé d'histoire, d'autorité et de responsabilité devait se fondre dans la confusion sentimentale. Ces mères, ces fils, ces filles ont du mal à s'aimer, à se séparer, que ce soit par faiblesse, soumission ou besoin. Jamais l'auteure ne nous souffle la moindre hypothèse de réconciliations faciles. Elle creuse, elle gratte là où c'est douloureux.
« L’homme-enfant » est un roman roboratif, inquiétant, douloureux et, cependant, entièrement livré à un travail de nomination, de révélation et d'hypothèses qui nous emmène dans une forme de délire domestique familial amoureux toujours relevé par la minutieuse observation des névroses de notre temps
Un excellent roman au cœur des chaos de la déconstruction et des questionnements légitimes de ce moment de l’Histoire.
Nicole MARLIÈRE, L’homme-enfant, M.E.O., 2025, 118 p., 16 € / ePub : 9,99 €, ISBN : 978-2-80700-498-6