8 mars - Les femmes plus exposées au risque d'invalidité

Les femmes sont davantage exposées au risque d'invalidité, notamment en raison des inégalités auxquelles elles font face sur le marché du travail, alerte mardi le réseau Solidaris, à l'approche de la Journée internationale des droits des femmes.

Selon les chiffres de la mutualité Solidaris, six malades de longue durée sur 10 en 2023 étaient des femmes. "Ces chiffres ne sont pas étonnants", juge Amélie Hosdey-Radoux, conseillère politique chez Solidaris, dans un communiqué. "Les troubles musculosquelettiques ou liés à des problématiques de santé mentale concentrent presque 70% des causes de l'invalidité en Belgique", avance-t-elle. Or, les femmes sont surexposées à ces risques "en raison non seulement de leurs conditions de travail mais aussi du stress lié à la charge mentale de devoir concilier leur vie professionnelle et privée", éclaire-t-elle.

Les femmes restent principalement concentrées dans les secteurs des soins (infirmiers, accueil de la petite enfance...) et des services (nettoyage, distribution...), soulignent la mutualité Solidaris, son mouvement féministe Soralia et sa fédération de centres de planning familial Sofélia. Ces professions sont généralement dévalorisées dans la société, avec des conditions de travail pénibles et précaires.

En outre, "si quatre personnes sur 10 renoncent aux soins pour des raisons financières en Belgique, cela concerne une femme sur deux et six familles monoparentales sur 10", dont la majorité ont une femme à leur tête, ajoute Mme Hosdey-Radoux.

Face à ces constats, Soralia, Sofélia et Solidaris plaident pour "une réflexion globale quant à la place des métiers du care dans notre société, en revalorisant les salaires et en reconnaissant leur pénibilité", explique Wivynne Gaziaux, experte socio-économique chez Soralia. Le réseau revendique la prise en compte des contextes qui plongent les femmes dans l'invalidité, "à l'opposé de la philosophie qui transparaît dans l'accord" du gouvernement fédéral, qui mise plutôt sur l'activation des malades, dénonce-t-il.

Au-delà de ces inégalités sur le marché du travail, la surexposition des femmes au risque d'invalidité est également liée à l'invisibilisation des pathologies féminines comme le cancer du sein, l'endométriose, la ménopause..., poursuit Anissa d'Ortenzio, experte santé chez Soralia. Ces maladies "ne sont pas du tout prises en compte dans l'adaptation de l'environnement de travail". S'y ajoute "toute une série de discriminations qui s'opère à chaque étape du parcours de soin. Globalement, les femmes sont moins bien soignées que les hommes (retard de diagnostic, méconnaissances des spécificités féminines...), ce qui aura n&eacute ;cessairement un impact sur leurs capacités à reprendre le travail, par exemple".

"S'attaquer aux règles qui régissent le travail, aux conditions d'accès à la pension, c'est compromettre la santé des femmes, et plus globalement, leurs droits", déplorent Solidaris, Soralia et Sofélia. "Nous dénonçons donc la stigmatisation des malades de longue durée et appelons nos dirigeants politiques à s'interroger sur le modèle de société que nous souhaitons pour l'avenir, dans lequel la place des femmes est un enjeu capital."

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