La Chambre a ouvert mercredi le débat sur la Déclaration de politique générale du nouveau gouvernement. L'opposition a tiré ses premières salves. Les réformes annoncées en matière de pension, de fiscalité et d'emploi ou les soins de santé ont occupé les échanges. Le ton a parfois été vif. Le ministre des Finances et des Pensions, Jan Jambon (N-VA), s'est emporté contre une "inflation de mensonges".
Il y a cinq ans, la N-VA avait fait durer le débat par des interruptions répétées des orateurs de la majorité. L'opposition à l'Arizona lui a rendu la pareille. Les interventions du PTB, du PS, des écologistes, de l'Open Vld et de DéFI se sont succédé durant la prise de parole du chef de groupe nationaliste, Axel Ronse, qui a quitté la tribune cinq heures après y être monté.
A gauche, ce sont notamment les réformes en matière de pension, comme le malus qui sera imposé en cas de départ anticipé à la retraite, la réduction des périodes assimilées et le relèvement de l'âge de la retraite de certaines catégories de travailleurs qui ont animé les échanges. Le représentant du parti du Premier ministre a annoncé que c'en était fini de la "génération des fils à papa qui se sont dit qu'ils allaient vivre sur l'ardoise des générations suivantes". "Nous sommes la génération qui regarde vers l'avant, la génération de ceux qui veulent pouvoir transmettre un pactole à le urs enfants et petits enfants".
Une façon de voir les choses fermement contestée par le PTB. "Il y a des gens qui travaillent dur toute leur vie, dans les transports, la construction, et c'est comme ça que vous allez les récompenser? En détruisant leur pension?" a lancé Kim De Wit. "Nous sommes la génération qui est fière de la sécurité sociale qu'ont bâti ses parents?" a renchéri Raoul Hedbouw. "Votre projet, c'est de démanteler la Belgique en détruisant son système social", a abondé Rajae Maouane (Ecolo).
Les socialistes ont aussi exprimé leur inquiétude, notamment pour les victimes licenciements collectifs déjà annoncés, comme ceux d'Audi Brussels et de Lunch Garden, ou de ceux qui pourraient venir. "Non seulement, ils sont frappés par le capital mais en plus ils auront un malus de pension. Ils vont perdre un droit légitime à la pension", s'est indigné Khalil Aouasti. "Nous croyons dans le potentiel de travail de ces gens et nous allons les accompagner vers l'emploi", a répondu M. Ronse.
Autre sujet de préoccupation: les 500 euros de différence promis entre les revenus du travail et les revenus de remplacement afin de stimuler l'emploi. L'Arizona a prévu un relèvement de la quotité exonérée d'impôt d'ici la fin de la législature. Pour l'opposition, ce n'est pas tant le travailleur qui va gagner plus mais les allocataires sociaux qui recevront moins. Pierre-Yves Dermagne (PS) a accusé le MR et les Engagés d'avoir trahi leurs promesses de campagne.
"Vos 500 euros, vous allez les obtenir par un lissage des allocations et pas un gain net des travailleurs. Dans le pays le plus taxé du monde, on aurait pu espérer autre chose", a accusé François De Smet (DéFI).
"Les citoyens n'auront pas un euro de plus", s'est exclamé Paul Magnette (PS). Les socialistes ont examiné les effets retour optimistes "auxquels aucun économiste ne croit" attendus par le gouvernement. En 2029, ils s'élèveront à 3,8 milliards d'euros... soit le coût de la réforme fiscale. Une façon, selon lui, de régler le budget alors qu'on en a pas les moyens. '"Vous ne ferez pas la réforme fiscale", a prédit le président socialiste.
La norme de croissance des soins de santé est revenue plusieurs fois dans le débat. Le PS s'en est pris aux promesses de campagne des Engagés. Les 3% du PIB seront atteints en 2029, contre 2% en 2026 et 2027. Deux milliards d'euros d'économie seront réalisées, a affirmé M. Dermagne. Des propos qu'a contestés M. Vandenbroucke. Les responsables de l'INAMI indiquent eux-mêmes qu'une norme de croissance de 3% n'est pas nécessaires pour l'instant, a-t-il rappelé.
"Je n'ai pas cherché à faire gagner mon parti mais mon pays, les citoyens. Cela dit quelque chose de l'ADN du PS: penser à ses intérêts électoraux plutôt qu'aux gens qu'on est censé servir (...) Nous avons très largement préservé les intérêts de la santé avec un refinancement à la clé", a fait remarquer le vice-Premier ministre des Engagés, Maxime Prévot.
A 19h, la discussion générale n'en était qu'au troisième orateur. Des débats thématiques, par ministre, doivent encore avoir lieu, certainement durant la nuit.