Grâce à l'intelligence artificielle (IA), les pathologistes du Ziekenhuis aan de Stroom (ZAS) obtiennent le résultat d'un examen d'un échantillon de tumeur 17% plus rapidement. C'est ce que montre l'évaluation de 760 échantillons de tumeurs de la prostate par le laboratoire d'anatomo-pathologie (= examen des cellules et des tissus) de l'hôpital anversois Ziekenhuis aan de Stroom. Concrètement, cela signifie que le patient et les médecins traitants savent à quoi s'en tenir un jour ouvrable plus rapidement.
En outre, l'utilisation de l'IA réduit la facture du gouvernement : grâce à l'IA, moins d'examens complémentaires d'échantillons de tissus sont nécessaires. Actuellement, les pouvoirs publics ne remboursent pas encore aux hôpitaux l'utilisation de l'IA par les laboratoires d'anatomie pathologique.
760 échantillons évalués
Pour la comparaison, le laboratoire d'anatomo-pathologie du ZAS a évalué 760 échantillons de prostate pour la période d'avril à juillet en 2023 et 2024. Il s'agissait de comparer l'impact de l'IA sur les délais d'exécution. Il s'agit du temps écoulé entre l'arrivée de l'échantillon pour l'évaluation du pathologiste et la première validation (= la mise à disposition du premier résultat pour le médecin traitant). Ce délai ne ccomprend pas le transport de l'échantillon.
Résultat plus rapide de 9 heures par tumeur examinée
Par tumeur de la prostate examinée, l'utilisation de l'IA a permis un gain de temps d'une journée sans mesures organisationnelles. La seule condition était que les pathologistes aient appris à travailler correctement avec le logiciel intelligent.
Alors qu'au premier trimestre 2024, le temps nécessaire pour obtenir le premier résultat augmentait encore un peu en raison de l'apprentissage de l'application d'IA, au deuxième trimestre 2024, il y avait une forte baisse de 17%. Et ce, alors que la charge de travail du laboratoire de pathologie a augmenté de 10% en 2024 en raison de l'augmentation du nombre d'examens.
Une fois que le pathologiste a maîtrisé le logiciel, le temps de traitement global d'une biopsie a diminué de 17%. Cela signifie que le pathologiste a la certitude d'un diagnostic de tumeur 8,9 heures plus vite. Cette réduction peut être attribuée à deux facteurs :
- Premièrement, le temps de traitement technique diminue parce que moins de techniques d'examen complémentaires sont nécessaires.
- Deuxièmement, grâce à l'IA, le diagnostic est posé plus rapidement : en 2024, avec l'IA, il n'a été posé qu'au bout de 42,7 heures, alors que le temps de traitement normal en 2023 (sans l'IA) était de 51,6 heures. (Il ne s'agit pas de tout le temps de travail. Il s'agit du temps pendant lequel les échantillons sont techniquement traités pour les techniques complémentaires).
Par conséquent, le patient et le médecin traitant sont informés plus rapidement et le traitement peut commencer plus tôt.
"Plus de temps pour les examens complexes"
Le Dr Sabine Declercq, coordinatrice médicale du laboratoire d'anatomie pathologique du ZAS: «Avec environ 1.100 échantillons de tumeurs de la prostate par an au ZAS, l'IA permet un gain de temps considérable dans la rédaction des rapports. Nous voulons ainsi améliorer l'expérience du patient dans une période d'incertitude entre la biopsie et le résultat. Ce gain de temps ne signifie pas qu'il faudra moins de pathologistes et de personnel de laboratoire. Il permet cependant de réduire la charge de travail pour les examens de biopsie de la prostate et de libérer du temps pour d'autres examens. Il y a une pénurie de pathologistes et de techniciens de laboratoire en Belgique.»
Dr Frederik Deman, pathologiste au ZAS: «Une autre bonne nouvelle est que, grâce à l'IA, les pathologistes ont besoin de moins d'examens supplémentaires d'échantillons de tissus. Cela permet non seulement de réduire les dépenses pour l'Inami - qui paie le personnel - mais aussi de réduire la charge de travail dans le laboratoire. L'IA présente de nombreux avantages pour les patients, les médecins et le personnel de laboratoire. C'est pourquoi j'espère que le gouvernement fournira les ressources nécessaires pour jouer à fond la carte de l'IA.»
Le cancer le plus fréquent en Belgique
Le cancer de la prostate est le cancer le plus fréquent en Belgique. En 2022, 12.700 nouveaux cas ont été recensés. Le cancer de la prostate dépasse ainsi le cancer du sein, dont on dénombre plus de 11.000 cas par an. Ensemble, ces deux cancers représentent près d'un tiers de tous les diagnostics de cancer, suivis par le cancer du poumon et le cancer du côlon.
Le laboratoire d'anatomo-pathologie du ZAS utilise déjà l'IA pour analyser les tumeurs de la prostate et du sein depuis début 2023. À terme, un logiciel pour les tumeurs du poumon, de la vessie, de l'estomac, de la peau, de l'œsophage et de la gorge suivra. Pour mettre au point ce logiciel, le ZAS travaille en étroite collaboration avec ses développeurs.