Les jumeaux numériques, déjà utilisés dans l’industrie, s’imposent désormais dans le domaine médical. Ces répliques virtuelles permettent d’anticiper la réaction des organes et du métabolisme des patients, avec l’objectif, à terme, de prédire l’apparition de certaines pathologies.
Au CHU de Liège, les chercheurs de l’institut GIGA ont mis au point un logiciel exploitant cette technologie pour surveiller la glycémie des patients en soins intensifs. « C’est un logiciel d’aide à la décision », explique Vincent Uytendael, fondateur d’Insilicare, une spin-off de l’Université de Liège, cité par la RTBF. « On utilise un jumeau numérique qui représente le système de glucose et insuline du patient. Et sur base des paramètres récoltés, on va pouvoir identifier la réponse du patient au traitement et recommander la dose appropriée, sur base de simulations effectuées sur le patient. »
Ce suivi permet d’adapter les traitements avec une précision accrue et de mieux anticiper les variations cliniques. « Cette technique nous permet aussi d’améliorer la surveillance des patients », souligne le chef du service des soins intensifs au CHU de Liège, Bernard Lambermont. « Ce genre d’intelligence artificielle nous aide à mieux anticiper tout changement clinique, plus rapidement qu’avant », ajoute-t-il.
À l’Université catholique de Louvain (UC Louvain), des chercheurs développent des jumeaux numériques de cellules cancéreuses afin d’optimiser les traitements. « Avec un jumeau numérique d’une tumeur, on a trouvé de nouvelles méthodes qui donnent beaucoup plus de radiations au début du traitement et moins à la fin », explique Benoît Macq, professeur d’intelligence artificielle à l’UC Louvain, cité par la RTBF. « Avant, les médecins donnaient la même dose tous les jours. Aujourd’hui, grâce à ces adaptations, on détruit plus rapidement la tumeur et on a moins de dégâts collatéraux dans le traitement en proton thérapie », précise-t-il.
Ces avancées sont porteuses de progrès majeurs dans la médecine. « Les vaccins ont permis de faire passer l’espérance de vie de 30 à 70 ans. Les jumeaux numériques permettront de vivre en meilleure santé de 70 à 90 ans », estime Benoît Macq.
À terme, les chercheurs ambitionnent de combiner ces modèles numériques d’organes ou de systèmes d’organes afin de créer des jumeaux numériques de patients entiers. « Cela permettra de faire des prédictions sur le corps entier », affirme Thomas Desaive, professeur d’ingénierie biomédicale à l’Université de Liège.
Aujourd’hui, les recherches se concentrent sur le cancer, les maladies cardiovasculaires, le diabète et les pathologies rénales. « Demain, on s’intéressera aux maladies neurologiques », avance Benoît Macq. « On parviendra à faire des biomarqueurs très précoces pour la maladie d’Alzheimer et à les traiter, peut-être même avant l’arrivée des premiers symptômes », poursuit-il.
La Wallonie est en pointe dans ce domaine et mettra en avant ces recherches lors de l’Exposition universelle d’Osaka, qui débutera en avril prochain, rapporte la RTBF.