Une avancée technologique dans le domaine de la fécondation in vitro (FIV) a été rendue possible par l’intelligence artificielle (IA). Pour la première fois, un enfant est né à la suite d’un processus de FIV entièrement automatisé, piloté à distance et orchestré par des algorithmes. Les détails de cette première mondiale ont été publiés dans la revue Reproductive Biomedicine Online (1).
À l’origine de cette prouesse, la société américaine Conceivable Life Sciences, spécialisée en biotechnologie. Elle a mis au point un système robotisé capable de réaliser de manière autonome les étapes complexes de l’injection intracytoplasmique de spermatozoïdes (ICSI), une technique largement utilisée en FIV qui consiste à introduire un seul spermatozoïde directement dans un ovocyte à l’aide d’un micropipette.
Jusqu’ici, cette procédure reposait sur la dextérité d’embryologistes expérimentés. Le moindre mouvement mal exécuté pouvait compromettre les chances de fécondation. Désormais, un système automatisé, contrôlé à distance par IA, a pris la relève : 23 micro-étapes sont effectuées avec une précision robotique, du choix du spermatozoïde – immobilisé par un faisceau laser – à son injection.
Dans cette expérimentation, cinq ovocytes provenant d’une patiente de 40 ans, traitée avec des ovules de donneuse après un échec de FIV, ont été confiés au système IA. Trois autres ont été fécondés manuellement à titre de comparaison. Résultat : quatre des cinq ovocytes traités par l’IA ont été fécondés avec succès, et l’un d’entre eux a donné naissance, après transfert, à un garçon en parfaite santé.
Les opérations ont été menées à distance depuis deux sites : une clinique de fertilité à Guadalajara (Mexique) et un laboratoire situé à New York, à des milliers de kilomètres. Ce contrôle délocalisé illustre les possibilités offertes par une automatisation totale du processus, qui pourrait à terme rendre la procréation assistée plus accessible et plus standardisée, tout en réduisant les marges d’erreur humaines.
Même si les chercheurs appellent à la prudence et à de nouvelles études, les premiers résultats sont jugés extrêmement prometteurs. Conceivable Life Sciences, qui vient de lever 18 millions de dollars pour poursuivre ses recherches, affirme viser la création d’un laboratoire de FIV entièrement automatisé, avec l’espoir de faire baisser les coûts et de démocratiser l’accès à ces techniques encore onéreuses.