GHDC : « Nous sommes prêts à engager immédiatement 100 infirmières si elles se présentent… »

Alors que les besoins en personnel soignant ne cessent de croître, les conditions de travail et le manque d’attractivité du métier d’infirmière freinent les recrutements. Entre départs vers d’autres secteurs, diminution des inscriptions en formation et absence de revalorisation salariale pour les horaires de nuit et de week-end, le Grand Hôpital de Charleroi (GHDC) tire la sonnette d’alarme.

Le Dr Manfredi Ventura et Gauthier Saelens s’inquiètent de la pénurie de travailleurs dans le secteur hospitalier. Le directeur médical et le directeur général du Grand Hôpital de Charleroi attirent l’attention des autorités sur cette problématique complexe qui perturbe le bon fonctionnement des hôpitaux.

Que vous manque-t-il le plus aujourd’hui, après vous être équipés d’un nouvel hôpital ?

Gauthier Saelens : Des infirmiers et infirmières ! C'est un problème généralisé en Belgique. Le ministre Vandenbroucke n’a pas créé 5.000 emplois d’infirmières via le Fonds Blouses Blanches. C'est faux. Au départ, il y avait bien une exigence d’engager des infirmières, puis le gouvernement a fait sauter les conditions prévues. Parmi ces 5.000 emplois, très peu concernent réellement des infirmières, tout simplement parce qu’il n’y avait pas de personnes disponibles. À la place, des aides-soignants et des aides-pharmacie peuvent intervenir au sein de l’unité de soins pour soulager le travail infirmier, etc. Mais ce ne sont quasiment jamais des infirmières.

De combien d’infirmières auriez-vous besoin aujourd’hui dans un monde idéal ?

G.S. : Si 100 infirmières se présentent à l’accueil, nous les engageons tout de suite. Quand elles partent, c’est pour des raisons privées ou d’autres opportunités. L’herbe est parfois perçue comme plus verte ailleurs… mais certaines reviennent. Après, d’autres quittent la profession hospitalière pour aller vers des secteurs plus calmes, avec des horaires réguliers, ou pour mieux maîtriser leur emploi du temps en devenant infirmières indépendantes… Enfin, en tant qu’administrateur d’une haute école, je le vois bien : les inscriptions diminuent.

Avez-vous une solution ?

G.S. : Ce métier est magnifique. On commence comme infirmière, mais au fil de sa carrière, on peut évoluer vers d’autres fonctions en suivant des formations. On peut même devenir directeur d’hôpital. Mais avant tout, il convient que les autorités valorisent les horaires irréguliers et de nuit. Aujourd’hui, lorsqu’on dit à une personne qu’elle doit travailler la nuit, le week-end… alors qu’elle aspire à une vie sociale, des loisirs, une famille… elle ne vient plus. Les autorités doivent revaloriser ces types de salaire. Si vous comparez avec la grande distribution, où les travailleurs du samedi et du dimanche, ou encore certaines usines de production, bénéficient de compensations nettement plus avantageuses, il est temps de revoir la convention collective. De plus, comme les infirmières de nuit sont beaucoup moins nombreuses et que la charge de travail est plus importante, les conditions de travail sont plus compliquées.

Le stress et l'agressivité des patients n’arrangent rien...

Manfredi Ventura : Quand un patient décompense, l’infirmière est seule au milieu de la nuit. Le stress est là. Il est vrai que, par ailleurs, l'agressivité des patients est en constante augmentation et que ce problème de société a un impact sur l’ensemble de notre personnel soignant et de nos services des urgences.

Découvrez l’intégralité de cette interview dans Le Spécialiste N°231.

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