La position du pape quant à la place de la femme dans la société heurte l'UCLouvain

Interrogé par une lettre écrite par cinquante étudiants, professeurs et doctorants de l'UCLouvain lors de son passage à Louvain-la-Neuve samedi, le pape François a notamment déclaré dans sa réponse que "la femme est accueil fécond, soin, dévouement vital". "Des positions conservatrices exprimées par le pape" que déplore l'université, a réagi l'alma mater dans la foulée.

Les signataires ont tenu à initier un dialogue avec le souverain pontife, en exprimant leurs préoccupations sur la défense de l'environnement, les inégalités face au dérèglement climatique, les "racines philosophiques" mais aussi la place de s femmes dans l'Église et la société.

Dans sa réponse, le pape a déclaré que "ce qui caractérise la femme, ce qui est féminin, n'est pas déterminé par le consensus ou les idéologies. Et la dignité est garantie par une loi originelle, non pas écrite sur le papier, mais dans la chair". Et d'ajouter: "la culture chrétienne élabore de manière toujours renouvelée, dans différents contextes, la vocation et la mission de l'homme et de la femme et leur être mutuel, dans la communion. Non pas l'un contre l'autre, dans des revendications opposées, mais l'un pour l'autre."

Plus loin, il a aussi ajouté que "la femme est accueil fécond, soin, dévouement vital".

Un passage qui a fait tiquer l'UCLouvain. L'université a souligné "son incompréhension et sa désapprobation quant à la position exprimée par le pape François concernant la place des femmes dans l'Église et dans la société. Une position déterministe et réductrice face à laquelle l'UCLouvain ne peut qu'opposer son désaccord".

Sur les autres volets abordés dans la lettre, le souverain pontife a relevé que "nous voyons bien combien le mal qui détruit l'environnement et les peuples est violent et arrogant. Il semble ne pas connaître de frein. La guerre en est l'expression la plus brutale ; comme le sont aussi la corruption et les formes modernes d'esclavage. Parfois, ces maux polluent la religion elle-même qui devient un instrument de domination. Mais c'est un blasphème", a exprimé le pape.

Il a ajouté qu'"aucun plan de développement ne pourra réussir si l'arrogance, la violence et la rivalité demeurent dans nos consciences. Il faut aller à la source du problème, qui est le cœur de l'homme. C'est de là aussi que vient l'urgence dramatique de la question écologique: de l'indifférence arrogante des puissants qui privilégient toujours l'intérêt économique."

Il s'est aussi dit "triste" qu'"il y ait des universités qui préparent les étudiants pour des raisons économiques". "L'Alma Mater est le sens de l'université", a-t-il opposé.

L'UCLouvain a "salué cette entrée en dialogue. Nous constatons des convergences en rapport avec les inégalités environnementales et sociales que dénonce" l'université louvaniste, a notamment exprimé sa rectrice Françoise Smets.

Le chef de l'Église catholique s'est rendu à Louvain-la-Neuve samedi dans le cadre des 600 ans de l'université louvaniste.

Plus tôt dans la journée, des propos du pape François avait déjà fait réagir. Le chef de l'Église catholique avait en effet salué le "courage" du roi Baudouin lorsque le souverain avait choisi de "quitter sa place de Roi pour ne pas signer une loi meurtrière" autorisant l'avortement sous certaines conditions. Le pape était alors allé se recueillir quelques instants dans la Crypte royale à Laeken, accompagné du roi Philippe, de la reine Mathilde et du sixième roi des Belges Albert II.

Des propos qui avaient aussitôt fait bondir le Centre d'action laïque. Ce dernier a dénoncé une "provocation, le jour-même de la Journée internationale pour le droit à l'avortement". "L'accès à cet acte médical dans des conditions dignes et sûres est un droit fondamental pour toutes les femmes. S'y opposer est au contraire placer les femmes dans une situation risquée pour leur santé."

Dimanche matin, le chef de l'Église catholique présidera la messe au stade Roi Baudouin devant quelque 37.500 personnes.

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