Le Dr Jimmy Navet, médecin généraliste en milieu rural, partage son expérience avec le New Deal, un modèle qui, selon lui, a transformé sa pratique. Face à une surcharge de travail insoutenable, il a choisi de franchir le pas.
Il semble qu’à ce jour, peu de médecins généralistes aient opté pour le New Deal. Bien entendu, chacun fait ses choix. Pour ce qui me concerne, opter pour le New Deal m’a réellement facilité la vie. Après avoir travaillé comme généraliste pendant quelques années à Rochefort, je me suis installé à Lavaux-Sainte-Anne, aux confins des provinces de Namur et du Luxembourg.
Une surcharge insupportable
Avant ce changement de lieu d’exercice, j’avais une grande patientèle dans la province du Luxembourg. Une bonne partie de mes patients m’ont suivi dans mon déménagement en province de Namur. Dans le même temps, le nombre de médecins actifs dans la ville voisine de Rochefort et dans ses environs s’est nettement réduit, alors que ces confrères étaient déjà fortement surchargés. Cette situation a encore fait refluer vers moi de nombreux patients, si bien que j’étais soumis à un rythme professionnel véritablement infernal. Je n’allais pas pouvoir tenir indéfiniment dans ces conditions.
Un changement radical
J’ai alors opté pour le New Deal, et aujourd’hui, les choses se passent extrêmement bien. J’avais depuis longtemps besoin de l’aide d’une infirmière, et je l’ai engagée dans ce cadre. Pour apprendre à bien fonctionner ensemble et pour qu’elle soit bien initiée à ce que j’attendais d’elle, nous avons d’abord travaillé dans le même bureau pendant quelques mois. Depuis lors, elle a son propre bureau et s’acquitte de nombreuses tâches, dont elle me décharge ainsi.
Elle s’occupe notamment de la prévention, de la remise des résultats, et du suivi de base des patients chroniques. Pour les soins palliatifs, nous alternons et prenons en charge les patients chacun une fois sur deux. Elle gère aussi le suivi des dossiers et prend en main une bonne partie, sinon la totalité, du travail non rémunéré pour le médecin. J’estime que le travail qu’elle effectue me soulage de 15 à 20 consultations par jour.
Une organisation financière avantageuse
Sur le plan financier, l’infirmière de pratique qui travaille avec moi est intégralement payée par les forfaits conventionnels. Au total, j’y gagne et les patients sont satisfaits. J’en ai parlé avec deux ou trois collègues passés eux aussi au New Deal, notamment avec un confrère dont l’épouse, également médecin, gère sa propre patientèle. Ils estiment eux aussi que leur rémunération est équivalente à celle qu’ils avaient avant d’opter pour le New Deal.
Un autre avantage : quand on est surchargé, il est plus facile de refuser de céder aux exigences d’un patient qui exagère. Et j’estime que cette formule est plus avantageuse pour la sécurité sociale que la rémunération à l’acte.
Les réticences des confrères
Au sein du GLEM dont je m’occupe, j’ai demandé pourquoi si peu de confrères envisageaient d’opter pour le New Deal. Ce qui semble retenir un certain nombre d’entre eux, c’est l’impression qu’en le faisant, ils laisseraient la main au politique. Dès lors, si les autorités politiques décidaient un jour de diminuer les revenus des médecins, elles auraient toute facilité pour le faire.
Une meilleure qualité de vie
Pour ma part, je pense qu’il faut faire confiance à nos instances. L’apport du New Deal, pour moi, c’est la facilité d’embauche d’une collaboratrice, l’efficacité dans ma pratique, une meilleure qualité de vie, une plus grande satisfaction des patients, le tout à un coût avantageux pour la société et pour le médecin.
Derniers commentaires
Ali NAJM-EDDINE
26 décembre 2024Je suis content que vous soyez heureux aujourd'hui dans le mode de fonctionnement de votre travail. Le new deal ne semble pas s'accorder à la grande majorité, au vu du nombre de médecins qui l'ont accepté. Il ne repond pas, pour la grande majorité, à un vrai besoin de la médecine générale. Financièrement, le forfait reste de loin le plus rentable et celui qui semble le mieux concilier un meilleur respect vie privée/professionnelle. Cependant, si tous les médecins généralistes passaient au forfait, en respectant la moyenne patients par médecin en maison médicale, ce serait la faillite de la santé publique et il faudrait beaucoup plus de généralistes... Plus vous acceptez des forfaits (dmg, newdeal,...) plus vous ferez des efforts pour les conserver et moins vous oserez défier les pressions étatiques par peur qu'on vous les retire. Faire confiance aux instances... je préfère rester poli... si vous êtes heureux ainsi, grand bien vous fasse ????