Quatre semaines en octobre pour protéger les bébés de moins d'un an contre la bronchiolite

L'automne est là et avec lui, la réapparition de toutes sortes de maladies saisonnières, dont la bronchiolite. Cette affection, qui est causée par le très infectieux virus respiratoire syncytial (VRS), peut provoquer de sérieux problèmes respiratoires, en particulier chez les enfants de moins d'un an. Pour éviter de graves symptômes, voire une hospitalisation, un anticorps sera proposé à moindre coût, durant le mois d'octobre uniquement, aux nourrissons de moins d'un an.

Alors qu'aucun traitement n'est réellement efficace face à la bronchiolite et que la maladie peut rapidement prendre une tournure inquiétante, les pédiatres ont appelé, jeudi, lors d'une conférence de presse à Bruxelles, les parents de tout-petits à entreprendre les démarches pour leur faire administrer un anticorps monoclonal.

"Il ne s'agit pas d'un vaccin, mais d'une injection d'anticorps qui protègent votre bébé pendant une saison complète du VRS", explique Laurane De Mot de l'Institut de santé publique, Sciensano. "Contrairement au vaccin, il n'y a pas de réaction immunitaire et donc aucun effet secondaire", ajoute-t-elle.

Grande première, cette année, une campagne de remboursement sera mise en place du 7 au 31 octobre à destination, d'une part, des bébés nés à partir du 1er avril 2024, et d'autre part, des nourrissons qui verront le jour entre le 1er octobre 2024 et le 31 mars 2025. Il ne faudra ainsi débourser que 12 euros (ou 8 euros en tarif préférentiel) au lieu de quelque 700 euros normalement pour immuniser son enfant contre le VRS.

Concrètement, les parents dont les bébés sont éligibles sont invités à en discuter avec leur pédiatre/médecin généraliste pour prendre un rendez-vous durant le mois d'octobre. L'ONE peut également administrer l'anticorps aux bébés de moins de six mois. Le produit sera par ailleurs proposé directement à la maternité pour les bébés nés pendant la saison épidémique.

"Je suis très excité que ce produit arrive enfin chez nous", a commenté David Tuerlinckx, professeur et pédiatre au CHU Dinant-Godinne, soulignant que la Belgique devenait ainsi le quatrième pays européen à en bénéficier. La France, l'Espagne et le Luxembourg utilisent déjà ce médicament préventif. "Des études menées dans ces pays montrent que les hospitalisations pour le VRS ont été réduites de 70 à 80%", relève le praticien.

Une bonne nouvelle quand on sait que le coût pour la sécurité sociale de telles hospitalisations est non négligeable. Une étude menée dans quatre pays européens, citée jeudi par le professeur Raes de l'UZ Leuven, a en effet montré que le coût moyen d'une hospitalisation pour VRS s'élevait à plus de 4.500 euros. Or, le taux d'hospitalisations liées à ce virus est trois fois plus élevé que celui pour une simple grippe, note le praticien qui est également pédiatre à l'hôpital Jessa de Hasselt.

On estime qu'un enfant sur cinq aura besoin d'une prise en charge ambulatoire d'ici ses deux ans à la suite d'une contamination au VRS. Ainsi, chaque année, Sciensano recense 7.000 cas d'infection par le VRS en Belgique. La plupart des enfants présentent une première infection au cours de leur première année de vie. Chez les enfants de moins de deux ans, elle peut évoluer en pneumonie ou en bronchiolite. La grande majorité (75% à 95%) des bébés hospitalisés pour une infection sévère par le VRS étaient initialement en bonne santé.

En Belgique, l'épidémie saisonnière de VRS s'étend généralement d'octobre à mars, avec un pic à la mi-décembre. Pendant ce pic, les systèmes de santé sont mis à rude épreuve, avec des services saturés et un personnel soignant surchargé.

"Tout effort visant à réduire les maladies évitables par l'immunisation est le bienvenu", insiste le Dr. David Tuerlinckx. Ce nouvel outil de prévention "permettra de réduire considérablement la charge de morbidité causée par le VRS, ainsi que le stress des parents et des soignants confrontés à cette maladie parfois grave", a-t-il avancé.

L'anticorps nirsevimab, connu sous le nom de marque Beyfortus, a reçu l'approbation de l'Agence européenne des médicaments (EMA) en 2022. Si, en juin dernier, la Vivaldi a donné son feu vert au remboursement de ce médicament préventif, ce dernier n'est disponible que depuis le mois de septembre.

Le Beyfortus n'a été autorisé au niveau européen que pour les bébés de moins d'un an.

"On espère que la prévention pourra rapidement être élargie à tous les enfants de moins de deux ans", a déclaré le professeur Tuerlinckx.

À noter qu'un autre outil de prévention du VRS existe. Les futures mères peuvent ainsi choisir de se faire vacciner durant leur grossesse pour immuniser leur progéniture, comme il est recommandé de le faire contre la coqueluche. Pour que le sérum soit efficace, il est préconisé de l'administrer entre la 28 et 36e semaine de gestation. Le bébé est alors protégé de la naissance jusqu'à ses six mois. Le vaccin, qui coûte autour de 170 euros, n'est toutefois pas remboursé.

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