Il est le nouveau ministre de la santé du gouvernement bruxellois. L’Ecolo Alain Maron, se penche avec franchise sur un secteur pour lequel il entend retrousser ses manches pour offrir des soins de santé de qualité à tous les bruxellois.
Quel est votre rapport aux médecins généralistes et spécialistes ?
Ma meilleure amie est médécin… généraliste. Ce qui fait que j’ai une meilleure appréhension de la médecine générale que de la médecine spécialisée, que je ne fréquente jusqu’ici qu’en cas de souci. Sur le fond, j'accorde beaucoup d'importance au renforcement de la première ligne d'aide et de soins et la création d'un maillage entre les acteurs du social et ceux de la santé, ainsi qu'une articulation entre la première ligne et les milieux spécialisés (spécialistes et hôpitaux)
Pourquoi avoir choisi la santé?
J'irais plus loin. Pourquoi avoir réuni social et santé ? Jusqu'à présent, ces deux matières étaient à Bruxelles éclatées entre 4 ministres. Or, les deux dimensions sont étroitement liées, en particulier à Bruxelles où le niveau de pauvreté reste trop important. Nous visons un plan social santé bruxellois intégré.
Quels sont vos trois grands objectifs en matière de santé?
Comme je le disais, de nombreux facteurs influencent notre santé, qu'il s'agisse du logement dans lequel on vit ou de l'emploi qu'on occupe. Mais il est clair qu’en tant que Ministre de l’environnement, je serai particulièrement attentif aux questions de santé environnementale. Un de mes objectifs sera donc de mettre en place une bonne articulation entre Bruxelles-environnement et les services Cocom et Cocof en charge de la santé afin de produire des données pertinentes en cette matière et d’agir à partir de celles-ci. Il est fondamental de mettre la santé dans toutes les politiques. Bruxelles est une ville jeune et nous devons renforcer les politiques de prévention, de diagnostic et d'intervention précoce auprès des jeunes publics (0 à 25 ans). Enfin, à l'autre bout de la chaîne, je serai particulièrement vigilant à ce que notre population puisse vieillir en bonne santé à Bruxelles.
Quel est votre rapport à la médecine?
On va dire, avec un peu de malice, que je souhaite de la bienveillance réciproque entre la médecine et moi. Plus sérieusement, quand je pense à la médecine, je pense surtout à toutes les femmes et tous les hommes qui travaillent dans ce secteur, souvent dans des conditions de travail et d’horaire difficiles, avec beaucoup de stress et de responsabilités. La médecine, ce sont certes des technologies, mais ce sont surtout des femmes et des hommes.
Allez vous prendre contact avec toutes les institutions hospitalières?
Je crois au travail sur le terrain, en lien direct avec ceux qui pratiquent la santé au quotidien. Dans ce cadre, je vais bien évidemment rencontrer l'ensemble du milieu hospitalier. Ils font un boulot formidable. Je pense par exemple aux urgentistes qui sont soumis à une pression dingue. Mais plus largement, je compte rencontrer et soutenir au mieux tous ceux qui aident les Bruxelloises et les Bruxellois à vivre en meilleure santé.
Quelle est l’importance pour vous des hôpitaux publics?
Il me semble qu’il est très important de garantir un accès universel à une médecine hospitalière de qualité. Dans ce cadre, il faut favoriser les rapprochements d’hôpitaux dans l’objectif que l’accès universel et non discriminé (y compris sur base financière) soit une réalité sur tout le territoire régional.Il faudra également adopter des normes d’agrément pour les réseaux hospitaliers concernant notamment la qualité des soins, l’accessibilité financière et géographique pour tous les bruxellois et la concertation sociale. Par ailleurs, des normes hospitalières seront aussi adoptées en vue d’actualiser les dispositions obsolètes et d’intégrer les normes relatives à la qualité dans les hôpitaux.
Comment mieux développer la première ligne a Bruxelles?
L’offre de professionnels de santé de première ligne est importante en Région bruxelloise, mais elle a tendance à se fragiliser, à l’image de la médecine générale. Pas encore de pénurie, mais des signaux inquiétants. Nous devons œuvrer pour que la Région dispose des ressources humaines professionnelles nécessaires, accessibles et adéquatement réparties sur le territoire. Il est très important à cet égard de soutenir les pratiques multidisciplinaires en groupe telles que par exemple en maison médicale.Plus globalement, le déploiement d’une première ligne d’aide et de soins devra faire l’objet d’une analyse et d’une programmation globale afin d’identifier les territoires sous-équipés et y développer les types de services adéquats à leurs besoins. C’est pourquoi nous avons prévu un premier volet d’analyse au travers d’états généraux du social et de la santé et un second volet de programmation territoriale à établir à partir l’Observatoire du social et de la santé.
Quel est votre position envers le numerus clausus?
Je suis pour la suppression du numerus clausus. Il n'y a pas de répartition équilibrée entre les zones territoriales du pays. L’offre de soins médicaux entre médecins généralistes ou médecins spécialistes est mal pensée. Il manque une complémentarité entre la première ligne de soins de proximité et les soins spécialisés en structures hospitalières. Les hôpitaux eux-mêmes ont des difficultés à recruter ou à conserver dans leurs services certaines disciplines de spécialistes.
Que pensez-vous du mardi des blouses blanches ?
Je suis à 100 % solidaire de ce mouvement et de ses revendications. Au cours de la législature qui vient de s'achever, nous n'avons eu de cesse de pointer les mauvaises décisions du Gouvernement fédéral, notamment en termes de pénibilité des carrières et de valorisation de ces métiers pourtant essentiels. Vous savez, les normes de personnel en Belgique dans les hôpitaux sont de 1 infirmier pour 11 patients, alors que la norme dans les autres pays et dans les recommandations internationales sont de 1 pour 8 patients sur 24h. Je plaide également pour que les infirmiers et les infirmières entrent dans les organes de gestion décisionnels des hôpitaux.
La prévention est-elle votre priorité?
Forcément, en tant qu'écologiste, la prévention fait partie de mes priorités. Par ailleurs, j'entends viser une meilleure coordination des politiques de dépistage et de vaccination à travers la création d'un point unique bruxellois.