Chez nos voisins, le «projet de loi santé» vient d’être présenté en conseil des ministres. Il implémente certains volets de la profonde mutation de système promise par Emmanuel Macron. L’une des mesures les plus spectaculaires est l’abolition du numerus clausus. La labélisation prochaine d’un demi-millier d’«hôpitaux de proximité», qui n’auront plus ni chirurgie ni maternité, fait elle aussi du bruit.
Le «projet de loi sur l’organisation et la transformation du système de santé» s’attelle e.a. à une réforme des études en santé, en commençant par supprimer d’ici à la rentrée académique 2020 le numerus clausus (instauré depuis le début des années 70 et qui filtre les étudiants admis en 2e année). Ce sont les universités qui détermineront les effectifs à admettre en 2e et 3e années - ceci valant aussi pour les dentistes, pharmaciens et sages-femmes. Le détail des nouvelles procédures de sélection (car sélection il y aura toujours) reste à préciser. Plus loin dans le cursus, la France supprimera les épreuves classantes nationales pour les futurs «internes» [ses candidats médecins, ndlr]. But déclaré: augmenter le total de médecins - d’après France Info, l’exécutif ambitionne une hausse de 20% - et, partant, augmenter l’offre dans les territoires.
Un 2e grand axe du projet touche, lui aussi, à l’accessibilité générale aux soins de base. Il prévoit un recentrage des missions de plus petits hôpitaux, souvent implantés en zone rurale, sur les soins courants: médecine générale, gériatrie et soins de suite. Agnès Buzyn, ministre de la Santé, compte labéliser 5 à 600 de ces «hôpitaux de proximité» dans les 18 mois.
Dans son remodelage de la carte hospitalière, elle les distingue des établissements qui continueront à disposer de services de chirurgie ou de maternité et des centres dispensant des soins ultraspécialisés sur des plateaux techniques de pointe. Le gouvernement promet un lien très étroit entre la médecine de ville et les structures de proximité, «l’objectif étant que les médecins en cabinet puissent continuer à y suivre leurs patients».
C’est toujours ce même problème de l’accessibilité qui guide le tout récent appel du syndicat MG France aux élus territoriaux. Maires, conseils départementaux et régions doivent investir dans les professionnels libéraux de 1er recours, dit-il, par exemple les aider à trouver des locaux accessibles à la population et à mettre en place une bonne organisation des soins. Un enjeu rendu plus prégnant par l’explosion du nombre de patients chroniques à prendre en charge à domicile.