Lors d'une journée d'échange sur l'e-santé, organisée par la Plateforme de Première Ligne Wallonne (PPLW), des experts de la santé ont mis en avant l'importance de la digitalisation et de la littératie en santé numérique. Claude Decuyper, président de la PPLW, et Mickaël Daubie, directeur général du Service des soins de santé de l'INAMI, ont discuté des solutions pour optimiser l'accès aux soins et améliorer les processus grâce à la technologie, dans le but de répondre aux besoins actuels et futurs en matière de santé en Wallonie.
"Lors de la journée d'échange de la PPLW (Plateforme de Première Ligne Wallonne) à destination des acteurs de santé sur le thème de l'e-santé : « Multidisciplinarité 2.0 et littératie en santé numérique », Claude Decuyper, président de la PPLW, a rappelé l'importance de « coordonner au niveau régional, la concertation multidisciplinaire des acteurs de la première ligne afin de co-construire des solutions cohérentes avec les pouvoirs publics, en vue de contribuer au quintuple objectif en santé pour les habitants du territoire wallon. »
Optimaliser l’accès
Pour sa part, Mickaël Daubie, directeur général du Service des soins de santé de l'INAMI, a souligné l'importance de travailler à des solutions de soins qualitatives et durables afin d'accélérer la transformation digitale dans la fourniture de services et de soins pour optimaliser l'accès et l'échange de données de santé. « Cela va permettre d'augmenter l'efficacité des processus de soins : Care sets ("modèles logiques de données fonctionnelles, adaptés aux besoins des prestataires de soins belges"). Les "care sets" utilisent l'ensemble des données nationales et les terminologies internationales comme SNOMED CT), les soins à distance (mHealth), Dossier Patient Électronique... »
Accroître l’accessibilité
Tout ce travail doit être mené en accroissant l'accessibilité aux soins de santé. Il faut « renforcer les compétences en matière de littératie en santé pour promouvoir la participation et l'autonomie de chacun au maintien ou à l'amélioration de sa propre santé ». Selon Mickaël Daubie, nous devons avoir « un plan Marshall de la littératie en santé, notamment digitale », par exemple en lançant une campagne nationale d'information et de sensibilisation sur les choix éclairés en matière de soins de santé. »
« Tout cela doit se faire en continuant à soutenir l'élaboration de conditions de travail motivantes pour les professionnels de la santé et dans les établissements de soins, notamment en continuant à miser sur la simplification administrative et en poursuivant la digitalisation (eFact/e-Attest, eAgreement, prescription électronique, poursuivre le développement de ProSanté...). »
Enfin, un autre axe à développer sera celui de la mise en œuvre des formes de soins intégrés et continus centrées sur la personne et la population avec un objectif opérationnel de proposer des soins sur mesure et l’établissement d’un plan de soins (transdisciplinaire si l’état du patient l’exige).
De son côté, Brigitte Bouton, inspectrice générale du Département santé, AVIQ, a rappelé que « l’AVIQ est productrice d’outils sans être productrice de logiciels. »
L’importance de la santé digitale
Intelligence artificielle, santé numérique... pour le Dr Giovanni Briganti, médecin spécialiste en psychiatrie, chargé de cours et chef de service de médecine computationnelle et neuropsychiatrie à l’UMONS, « les professionnels de santé ne peuvent pas être remplacés, et nous devons combattre ce fantasme nauséabond. Il faut gérer les attentes sur l’IA liées aux limitations de notre système de santé (chez les patients, chez les industriels et chez les hôpitaux). Nous devons comprendre en urgence comment les citoyens utilisent l’IA dans leur quotidien, et les risques pour leur santé (et leur enseigner que l’IA a des limites). »
Former les professionnels de santé
Enfin Yves Coppieters, ministre de la Santé, ne cache pas qu’il va falloir « trouver un équilibre dans ce domaine : protection des données et respect de la vie privée, cybersécurité des systèmes, innovation et développement des outils, intégration et sensibilisation de la population au développement. Enfin, si nous voulons améliorer la santé de la population et cela, en tenant compte des enjeux auxquels nous devons faire face, qu’ils soient démographiques, sociosanitaires ou économiques... donner toujours plus au curatif n’est pas la solution. Au contraire, il s’agira de faire mieux et différemment, en renforçant la promotion de la santé et en nous coordonnant de manière large afin de cibler les causes structurelles sources d’inégalité en matière de santé. La formation des professionnels de santé est essentielle dans ce domaine qui évolue rapidement. La Wallonie vise à devenir un acteur clé du secteur numérique. »