Le débat sur la répartition des tâches entre les généralistes et les pharmaciens prend un nouveau tournant. Une récente note de travail du Conseil fédéral des pharmaciens, soumise pour consultation, a suscité une réaction vive du GBO/Cartel, qui insiste sur la nécessité de préserver le rôle central du généraliste dans le parcours de soins du patient, tout en délimitant clairement les compétences des pharmaciens.
Dans le cadre de l’exercice de différenciation des tâches, le ministre Vandenbroucke a demandé au Conseil supérieur des médecins spécialistes et généralistes (CSMSMG) ainsi qu'au Conseil fédéral des pharmaciens de lui remettre leurs avis sur l’élargissement des compétences des pharmaciens. Le CSMSMG a donc créé le groupe de travail (GT) "Expansion of Pharmacists' Competencies", composé de représentants des médecins et des pharmaciens, pour mener à bien cette réflexion sur les possibilités et/ou opportunités d’une extension des compétences des pharmaciens en renforçant leur rôle dans la prévention, la vaccination et d’éventuels autres rôles à développer.
Récemment, le Conseil fédéral des pharmaciens a déposé une note de travail qui doit servir de base pour les discussions à venir entre les représentants des médecins et des pharmaciens. Certains médecins ont avalé leur café de travers. Afin de rappeler les points indiscutables dans ce dossier, le GBO rappelle sa position.
Recentrer autour du généraliste
Aujourd’hui, le GBO/Cartel rappelle qu’il « est erroné d’instaurer un traitement de la pénurie des généralistes par un partage de tâches vers le secteur, partiellement marchand, de la pharmacie. » Le GBO/Cartel se positionne très clairement dans une démarche de collaboration harmonieuse entre les deux professions mais insiste sur « l’importance d’inscrire le débat du partage/transfert/délégation des tâches respectueux des référentiels-métiers de chacun : au sein de toute la première ligne (kinésithérapeutes, psychologues, sage-femmes, infirmiers, éducateurs et pharmaciens, ...) et entre les lignes de soins : les deuxièmes et troisièmes lignes. »
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Les lignes rouges : Pour le GBO, pour permettre aux pharmaciens de mener de manière autonome des actions ciblées, il faut respecter certains principes : « pas de prescription de traitements, en particulier antibiotiques, après dépistage par le pharmacien, pas d’examen clinique par le pharmacien, pas d’annonce de mauvaises nouvelles par le pharmacien et donc pas de test qui peut amener à la mauvaise nouvelle. »
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Un financement : Il est essentiel d’obtenir un financement de la consultation longue pour les généralistes avant de poursuivre les discussions.
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Patient : Il est nécessaire que chaque patient ait un généraliste et un pharmacien de référence.
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Pas de conflit d’intérêt : « L’exigence de non-marchandisation des soins : prescrire et délivrer les médicaments ne peuvent se faire par le même prestataire. Au même titre que les médecins n’ont pas le droit de délivrer/vendre des médicaments. L’absence de conflit d’intérêt devra être une condition absolue à une extension des prérogatives des pharmaciens.
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Pas d’accès au DMG pour le pharmacien : « Les données de santé peuvent être partagées selon un principe de proportionnalité : si “l’intention thérapeutique“ peut être partagée avec les pharmaciens quand le médecin le juge nécessaire, il est par contre exclu de donner accès au contenu du dossier médical global (DMG) ! »
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Tout n’est pas permis au comptoir : « La prescription d’antibiotiques, l’examen clinique, l’annonce de mauvaises nouvelles (que ne manqueront pas d’engendrer certains tests de détection précoce) doivent être réservés aux médecins. »
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Renouvellement autonome de délivrance de médicaments : il ne peut se faire si et seulement s’il y a garantie de l’établissement du cadre de collaboration avec le généraliste.
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Dépistage : « La détection précoce de maladie par le pharmacien ne peut aucunement aboutir à la prescription de traitements (remboursés). L’examen clinique doit rester l’apanage du médecin. Les généralistes ambitionnent de développer le principe de prévention quaternaire pour tenter de réduire la surmédicalisation. Les pharmaciens doivent s’inscrire dans cette même dynamique. » précise le GBO.
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Vaccination : « elle peut se faire conjointement par les généralistes et les pharmaciens en temps de crise, accompagnée obligatoirement d'un encodage centralisé et consultable immédiatement par les deux professions. La vaccination de base doit être réservée à l’ONE, à la médecine scolaire et aux généralistes. »
Un vent favorable a fait parvenir à la rédaction de Medi-Sphère la première partie de la note confidentielle qui sera discutée ce vendredi en groupe de travail.
On comprendra à sa lecture que la suite des pourparlers s'annonce décisive, avec des syndicats de médecins qui définissent fermement les règles du jeu. L'issue de ces discussions pourrait redéfinir le rôle des pharmaciens dans le système de santé belge.
Derniers commentaires
Alain-claude FEYE
10 avril 2025Pourquoi ne pas autoriser les médecins généralistes à vendre des médicaments en cas d'urgence, en soirée ou le WE ? Les tâches seraient bien réparties
Dr AC FEYE