"Un homme peut-il encore être gynécologue ?" La mauvaise question 

Récemment, un médecin en formation en gynécologie à l'UZ Leuven a été reconnu coupable de viol sur une étudiante, suscitant l'indignation générale. Basiel Weyers (28 ans), médecin spécialiste en fin de formation en gynécologie-obstétrique à l'UGent, a rédigé une lettre avec 35 autres spécialistes en formation et jeunes gynécologues. La lettre a été publiée lundi comme tribune dans le journal flamand De Morgen

La formation en gynécologie-obstétrique place les médecins à des moments charnières dans la vie des patients : de la joie intense à la profonde tristesse. Dans ce contexte particulier, la confiance est essentielle, surtout pour les femmes qui ont historiquement souvent été minimisées ou médicalisées dans les soins, commence le Dr. Weyers. Les gynécologues sont littéralement et figurativement proches du corps de leurs patients, ce qui signifie que le consentement, la communication et le respect des limites sont des composantes cruciales de leur travail. Le consentement éclairé n'est pas une formalité, mais un fondement moral.

Récemment, un médecin en formation en gynécologie à l'UZ Leuven a été reconnu coupable de viol sur une étudiante, suscitant l'indignation. Cette affaire est douloureuse dans un domaine où l'intégrité physique est centrale et soulève des questions plus larges sur la manière dont les médecins gèrent le pouvoir, la confiance et les limites. Le secteur des soins de santé est invité à examiner de manière critique les relations de pouvoir intégrées, souvent invisibles mais ayant un impact profond sur la manière dont les soins sont prodigués, poursuit-il.

"Les expériences de patients qui se sentent non écoutés ou non respectés montrent que ce qui semblait évident - comment les soins sont administrés, comment médecins et patients interagissent - est justement de plus en plus souvent remis en question. Cela nous oblige à écouter, à réfléchir et à faire mieux. Comme un collègue l'a exprimé précédemment : être médecin dans une telle situation ne devrait pas atténuer, mais aggraver les circonstances."

Hommes en tant que gynécologues ?

Dans ce débat, la question se pose également de savoir si les hommes devraient encore être gynécologues. Bien que l'inquiétude de certains patients soit légitime — les études montrent que certains préfèrent les gynécologues femmes —, les soins sûrs et empathiques ne sont pas liés au genre, argumentent les auteurs de la lettre. Ils sont déterminés par la formation, l'introspection, la communication et la culture professionnelle dans laquelle les médecins opèrent. Hommes et femmes font partie d'un système qui parfois échoue à respecter les limites et à maintenir la réciprocité.

Ainsi, la question centrale n'est pas de savoir si les hommes ont encore leur place dans cette spécialité, mais comment nous assurons que chaque gynécologue — indépendamment du genre — travaille de manière sûre, empathique et respectueuse. Cela nécessite un engagement collectif pour une culture de formation et de travail où les relations de pouvoir sont discutables, où la communication est centrale et où les retours sont possibles. Surtout dans un contexte de forte charge de travail, il est essentiel de considérer également les compétences "douces" qui constituent la base des soins sécurisés.

Cette tribune n'est pas une défense du statu quo mais un appel à la réflexion et au dialogue. En tant que jeunes gynécologues (en formation), les auteurs ressentent la responsabilité de contribuer activement à une pratique des soins qui rend justice à la confiance des patients. "Non pas par ce que nous sommes, mais par la manière dont nous nous comportons." La confiance doit être gagnée — chaque jourà nouveau.

> Lire la Tribune du Morgen ( en NL )

Lire aussi: Un étudiant en gynécologie coupable de viol : le parquet de Louvain en appel de la suspension du prononcé

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Derniers commentaires

  • Sandrine BEGUIN

    10 avril 2025

    Et si on parlait du manque d’empathie et d’écoute dans toutes les spécialités ?