En 2024, treize Belges ont fait don d’un ou plusieurs organes après une euthanasie, soit le deuxième chiffre le plus élevé en vingt ans. La Belgique fait partie des rares pays au monde où cette pratique est possible. Le phénomène reste toutefois marginal : au total, 371 Belges ont fait don d’au moins un organe après leur décès. C’est ce qui ressort jeudi des chiffres de l’UZ Leuven et d’Eurotransplant.
La Belgique a légalisé l’euthanasie en 2002, devenant ainsi le deuxième pays au monde à le faire après les Pays-Bas. En 2005, le pays a réalisé la première transplantation d’organe au monde après une euthanasie, tandis que les Pays-Bas n’ont suivi qu’en 2012. Cette pratique demeure rare au niveau international : en dehors de la Belgique et des Pays-Bas, seuls l’Espagne, le Canada et certains États australiens l’autorisent.
Le nombre de Belges choisissant le don d’organes après une euthanasie augmente d’année en année, à l’exception des années de la pandémie. Avec treize patients en 2024, il s’agit d’un niveau quasi record, juste derrière 2023, où quatorze patients avaient opté pour cette démarche. En proportion, ce nombre reste toutefois faible : en 2023, 3.423 Belges ont demandé une euthanasie.
« La Belgique est un leader international en la matière », souligne le Pr Arne Neyrinck, président du groupe de travail sur le don d’organes à l’UZ Leuven. « Nous ne posons jamais cette question directement. C’est une demande qui vient du patient lui-même. Toutefois, nous constatons un intérêt croissant », ajoute-t-il.
Des critères stricts encadrent l’éligibilité au don d’organes après une euthanasie. Il concerne des patients atteints de maladies neurologiques ou souffrant de souffrances psychiques insupportables. En revanche, les patients atteints d’un cancer ou d’une maladie transmissible ne peuvent pas être donneurs.
L’an dernier, 371 personnes ont donné au moins un organe après leur décès, un chiffre stable par rapport à 2023. Les organes les plus fréquemment transplantés sont les reins (441), suivis du foie (320) et des poumons (105). À noter que le nombre de transplantations cardiaques a fortement augmenté, passant de 49 en 2023 à 85 en 2024, après avoir atteint son niveau le plus bas en dix ans. Par ailleurs, 82 transplantations rénales et 24 transplantations hépatiques ont été réalisées à partir de donneurs vivants.
Les listes d’attente pour une greffe restent stables : au 1ᵉʳ janvier 2025, 1.474 Belges attendaient un organe compatible, un chiffre proche de celui de 2023 à la même période (1.453). La majorité des patients (1.167) sont en attente d’un rein. « Le nombre augmente légèrement, mais nous parvenons à garder la situation sous contrôle. Plus il y a de donneurs, plus de patients accèdent à la liste d’attente active », précise le Pr Neyrinck.
En Belgique, toute personne est présumée donneur d’organes, sauf en cas d’opposition explicite. Il est également possible de faire enregistrer sa volonté de donner ses organes ou de les mettre à disposition de la recherche scientifique. Dans les faits, c’est souvent la famille qui a le dernier mot, les médecins discutant systématiquement avec les proches avant toute décision.