Vooruit se dit prêt vendredi à reprendre les négociations en vue de former un gouvernement fédéral, ont annoncé les socialistes flamands dans un communiqué. Ils insistent sur l'équilibre qui préside maintenant à la note du formateur Bart De Wever mais avertissent aussi qu'ils quitteront la table des discussions si la porte ouverte ces derniers jours se referme.

Il y a dix jours, le président de Vooruit, Conner Rousseau, a quitté les négociations en cours avec la N-VA, le MR, les Engagés et le CD&V. Jusqu'aux élections communales du 13 octobre, des groupes de travail thématiques ont débroussaillé le terrain sur des thèmes divers (énergie, climat, s anté, défense, sécurité, etc.). Il restait le gros morceau: les réformes à mener en matière d'emploi, de pensions et de fiscalité. Trois domaines particulièrement importants dans le programme de redressement des finances publiques que la Belgique doit remettre à l'Europe. Aux yeux des socialistes, la note du formateur dans ces domaines et les tableaux budgétaires qui l'accompagnaient étaient déséquilibrés. Ils invoquaient notamment une trop maigre contribution des plus gros patrimoines à l'effort d'assainissement des finances.

Jeudi après-midi, une nouvelle réunion de la coalition "Arizona" a eu lieu. M. Rousseau a laissé entendre que son parti pourrait reprendre le chemin des discussions au vu des ouvertures qui se trouvent dans une nouvelle proposition du formateur. Il a consulté ses instances dans la soirée et ce vendredi matin.

Vooruit a annoncé son retour à la table des discussions dans un communiqué diffusé vers midi. "Les gens comptent sur nous pour que nous nous battions en faveur de leur pouvoir d'achat et leur santé", a expliqué M. Rousseau. "Dans les moments difficiles, seuls les socialistes peuvent veiller à ce que les efforts soient équitablement répartis. Dans la nouvelle note du formateur, il y a enfin des ouvertures, y compris pour une plus grande contribution des plus gros patrimoines. C'est pourquoi nous acceptons de rejoindre la table des discussions. Et nous prenons nos responsabilités. Pour tous les citoyens ordinaires qui comptent sur nous".

Vooruit reconnaît les défis qui attendent la Belgique, en particulier la remise en ordre du budget, dont la situation vaut au royaume une procédure européenne en déficit excessif. 

Jusqu'à jeudi, les propositions du formateur n'offraient pas d'espace pour parler "d'une répartition équitable des efforts", juge Vooruit. "Pour cette raison, nous avons demandé que la super note soit retirée de la table et qu'un nouveau texte soit présenté. Dans sa nouvelle note, le formateur a entrouvert la porte. Les autres partis autour de la table ont indiqué qu'ils souhaitaient en discuter. Nous sommes donc prêts à entamer des négociations sur la base de la nouvelle note".

La partie s'annonce toutefois difficile, à croire les socialistes flamands. "Jusqu'à présent, j'avais l'impression que nous devions jouer un match à 1 contre 4 et commencer avec un handicap de 0-5. Cela ne pouvait pas marcher. Aujourd'hui, je sens qu'il y a une volonté de prendre en compte nos préoccupations", a affirmé M. Rousseau. 

Vooruit rappelle ses priorités: pensions, pouvoir d'achat, santé. 

"Les gens peuvent compter sur nous et nous allons faire de notre mieux. Mais il n'y a pas de garanties. S'il apparaît que la porte entrouverte se referme à nouveau, alors on arrête", a averti le président.

Les quatre autres partis n'ont pas réagi jusqu'à présent à l'annonce de Vooruit. Quelles sont au juste les "ouvertures" faites par le formateur? La discrétion restait de mise mais l'on indiquait de source proche des négociateurs qu'il s'agissait avant tout d'engagements de principe.