Les hôpitaux publics bruxellois au bord de la rupture

Les hôpitaux publics bruxellois sont au bord du gouffre, avertit Le Soir dans un article publié mercredi. Un rapport confidentiel, destiné aux communes, dévoile des déficits alarmants au sein des hôpitaux du réseau Iris (CHU Brugmann, CHU Saint-Pierre, Institut Jules Bordet, Hôpital universitaire des Enfants Reine Fabiola et les Hôpitaux Iris Sud). 

Le déficit cumulé de ces établissements atteint 69 millions d’euros pour l’année 2023, un chiffre en constante augmentation après les 64 millions de 2022 et les 26 millions de 2021. Selon ce rapport, plusieurs hôpitaux risquent « une incertitude significative relative à la continuité d’exploitation ».
Crise du COVID-19, hausse des coûts et nouvelles obligations
Les causes de cette situation sont multiples. La crise du COVID-19 a provoqué une hausse des coûts de fonctionnement, déjà alourdie par l’augmentation des prix de l’énergie et l’inflation. De plus, des obligations nouvelles, telles que la cybersécurité ou les normes de durabilité, imposées sans compensation financière, ont rendu l’équation budgétaire impossible.
 Michelle Dusart, directrice générale médicale du CHU Saint-Pierre, illustre l’ampleur du problème : « Un hôpital comme le nôtre accueille environ 20 % de patients sans mutuelle, ce qui mobilise une armée d’assistants sociaux pour les remettre dans leurs droits ». Ce surcoût hospitalier dû à la prise en charge de patients précaires contribue à la fragilisation financière des hôpitaux bruxellois.
Le poids des pensions statutaires
Les pensions des fonctionnaires représentent une autre charge colossale. En effet, les cotisations patronales pour les employés statutaires ont augmenté, atteignant 50 % pour ces derniers, contre 30 % pour les contractuels. Ces coûts croissants, qui ne cessent d’augmenter, « représentent une sortie de cash massive qui nous oblige à puiser dans nos réserves et nous empêche de réinvestir », souligne Caroline Franckx, directrice générale du CHU Brugmann au journal Le Soir. « Cela a représenté pour nous l’équivalent de huit quartiers opératoires remis à neuf.»
Un sous-financement chronique des missions publiques
En parallèle, la subvention régionale censée compenser les missions de service public – soigner tous les patients quelles que soient leurs conditions, y compris en dehors des urgences – n’a pas été indexée depuis sa création en 1996. Cette subvention, d’un montant de 10 millions d’euros par an, ne couvre plus aujourd’hui que 22 % des dépenses.
Vers un regroupement des hôpitaux
Face à cette situation, un projet de regroupement des hôpitaux publics est en cours, une mesure cruciale pour tenter de stabiliser la situation. Le CHU Saint-Pierre et les Hôpitaux Iris Sud sont en voie de créer des synergies afin d’améliorer leur gestion et de mutualiser les ressources. 
Les communes en difficulté financière
Un analyste régional souligne que, bien que le chiffre d'affaires des hôpitaux publics bruxellois dépasse largement le milliard d'euros, les déficits, en proportion, restent relativement modestes. Le véritable obstacle réside dans l'incapacité des communes, en tant qu'actionnaires, à injecter les fonds nécessaires pour combler ce manque.
Un risque pour tout l’écosystème bruxellois
Le risque pour Bruxelles ne se limite pas à l'effondrement financier. Selon les experts, l’affaiblissement du système hospitalier public menace tout un écosystème économique et académique essentiel pour la capitale. « Si vous ajoutez l’activité des hôpitaux privés et des hôpitaux académiques, c’est un secteur qui représente trois ou quatre fois Audi et ses 3 000 travailleurs », explique un observateur anonyme. Le maintien de ce réseau hospitalier est donc indispensable pour garantir non seulement l’accès aux soins de qualité pour tous, mais aussi la survie économique de la région.
Une réponse urgente attendue des autorités
Les négociateurs du futur gouvernement bruxellois devront rapidement s’attaquer à ce dossier brûlant pour éviter une crise encore plus profonde, tandis que les autorités fédérales et régionales sont appelées à prendre des mesures pour stabiliser le système hospitalier public de la capitale.

Lire aussi: Groupement du CHU Saint-Pierre et des Hôpitaux Iris-Sud : une question de survie

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