Accrédiation 2.0 : faut-il s’inquiéter ?

Une note conceptuelle sur la révision de l’accréditation a été soumise à la médico-mut lundi soir. Tant le GBO que l’ABSyM trouvent le texte « globalement bon ». Ils s’inquiètent toutefois des résultats attendus des médecins, qui conditionneraient une partie de la rémunération. L’ABSyM s’alarme aussi de la perspective d’une accréditation obligatoire. Si cette évolution se concrétise, il s’agira de tenir à jour le (futur) portfolio imaginé sous Maggie De Block.

A ce jour, l’accréditation repose surtout sur une certaine dose de formation continue (FMC). Désormais, on parle de développement personnalisé focalisé sur la qualité, et l’unité de mesure ne serait plus le temps passé en FMC mais les effets de celle-ci. Le prestataire devrait lui-même établir ses besoins et son plan de formation individuels, à greffer à une formation de base reflétant des objectifs collectifs de santé publique, résume le Dr Bauval (GBO). Le modèle suggéré pour hausser ses performances est la roue de Demming, dont les 4 étapes cycliques - « plan, do, check, act » - dessinent un processus d’amélioration de la qualité. 

Dans cette logique, une partie de la rémunération liée à l’accréditation reposerait sur une valorisation différenciée de la performance de chaque médecin. Celle-ci serait mesurée à l’aune d’indicateurs de qualité et d’efficience « déterminés par une commission représentative », dixit la note. 

« Tout ne dépend pas du médecin ! »

A intervalles réguliers, les médecins mettraient à jour leur portfolio électronique (un outil institué par la loi qualité de 2019, dont l’entrée en vigueur a été reportée, supposé servir au professionnel de soins à prouver qu’il a la formation et l’expérience requises pour exercer). Dans le cadre de l’accréditation 2.0, les médecins devraient y consigner leur plan de formation personnalisé, les séances suivies, les résultats remarqués… « L’outil pourra servir tant au maintien de l’agrément qu’à l’accréditation », précise Marcel Bauval. « Nous avons insisté sur l’importance, dans l’évaluation des performances d’un confrère qui va influencer son forfait, de tenir compte des process, des efforts qu’il aura engagés en faveur de la qualité. » En effet, les résultats ne dépendent pas que du médecin lui-même. 

Luc Herry (ABSyM) abonde : « il ne faudrait pas qu’un médecin soit pénalisé financièrement alors qu’il initie des dépistages, vaccinations, et autres actions préventives mais que la population du quartier où il exerce n’est pas réceptive. Il faudra être attentif aux indicateurs qui se mettront en place. Cela promet d’être compliqué. L’’efficience’ et la ‘qualité’, pour commencer, est-ce dans le sens de faire du bien à l’état de santé ou… au budget… ? »

Le président de l’ABSyM s’inquiète aussi d’une volonté affichée de rendre l’accréditation obligatoire. « Nous avons réclamé que le fait de ne pas être accrédité n’empêche pas un médecin d’accéder à la nomenclature. Sans réponse ferme à ce stade. »

Des méthodes modernes d’apprentissage 

La note préconise encore de recourir à des méthodes novatrices d’apprentissage. Elle cite par exemple une plateforme (payante) pour les médecins internistes (http://knowledgeplus.nejm.org/ ) en en vantant les caractéristiques: clairement en phase avec la pratique professionnelle (grâce à 1.500 problèmes cliniques exposés), orientée vers la résolution de problèmes (« les cliniciens apprennent mieux en résolvant des problèmes médicaux réels, avec un retour sur les choix effectués et un apprentissage des erreurs commises »), implication forte du participant, formations qui s’adaptent en fonction des réponses du participant et de ses lacunes, accès multiples sous différentes formes (PC, Ipad, Iphone…).

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Derniers commentaires

  • Etienne DEMANET

    06 janvier 2022

    En 1982 je consacrais 80% de mon temps à écouter et examiner les patients, en 2021 j'ai passé 80% de mon temps à subir ces paperasseries et formations ....et le patient en a fait les frais car il lui restait 20% de mon temps pour l'écouter et l'examiner. Je comptais continuer jusque 70 ans au moins, la perspective de ce type de formation et de la TVA (eh oui, la TVA nous arrive via certains examens non thérapeutiques...).....bref, j'arrête et je pars dans le sud de l'Europe. Point final.

  • Igne PARMENTIER

    30 octobre 2021

    En réponse à notre confrère , Laurent Mallet ; nous sommes bien conscients qu'une formation continue est indispensable. Mais elle ne doit pas être chronophage dans sa forme et les exigences administratives qui l'accompagnent .
    Une "bibliothèque " de cours on line avec questions raisonnables et bien pensées ( comme c'est le cas sur Braintop par exemple) convient fort bien .
    Aux autorités enseignantes à réunir, dans ces propositions de cours , les sujets qui semblent indispensables .

  • Igne PARMENTIER

    30 octobre 2021

    Le lundi 25 octobre dernier était présenté en médico-mut un projet de financement des futures coopérations fonctionnelles, financement qui viendrait en fait se substituer à celui qui est actuellement octroyé aux postes de garde.

    La manœuvre du fédéral est claire : récupérer dans son giron l’organisation des gardes (par le biais des coopérations fonctionnelles), gérées aujourd’hui, à la satisfaction de tout le monde, par les cercles dont l’organisation échappe au fédéral depuis la dernière réforme de l’Etat. En l’état, le projet de financement semble imbuvable aux yeux de la plupart des acteurs de terrain. Imbuvable sur les modalités de financement qui sont prévues, imbuvable surtout sur les principes que véhicule ce projet.
    Et bien , les amis !!!! Si on partait en vacances ??????????C'est ça ou bien porter plainte pour utilisation faux indépendants. Vous connaissez l'histoire de la grenouille qu'on met dans une casserole d'eau froide chauffée peu à peu ? Il est temps de sauter dehors!!!!

  • Laurent MALLET

    30 octobre 2021

    Plutôt que de se mettre sur la défensive... Psychiatre, je fais régulièrement des modules de formation en ligne proposé par le Journal of Clinical Psychiatry, qui sont validés pour l'équivalent de l'accréditation des psychiatries aux USA.... Et quand je vois , par exemple, le nombre de patients qui sont encore traités par des prophylaxies anticholinergiques, stratégie invalidée par les guide lines et l'OMS depuis 30 ans, entre autres désastres ou même des patients suivis par un psychiatre ne bénéficient pas d'une stratégie de traitement antidépresseur de première ligne adéquate en termes de durée, de posologie et d'évaluation, estimer de manière angélique qu'on peut tous se passer d'une certaine obligation de mise à niveau , et d'une formation continue (adéquate) obligatoire, me semble totalement abusif....

  • Cécile SPRINGAEL

    29 octobre 2021

    Je suis d'accord avec les réactions de mes confrères : inacceptable. Quel est le but poursuivi? Dégouter définitivement de la profession pour réduire l'offre et faire des économies? C'est cette santé là que nous voulons pour la Belgique?

  • Raphaël Maréchal

    29 octobre 2021

    A un moment il faudra bien se rendre compte que la seule chose qui fera plier les décideurs c'est la confrontation. La concertation ne sert à rien car ceux qui sont censés nous y représenter sont beaucoup trop accommodant.

  • Alain LECLERCQ

    29 octobre 2021

    Profession libérale vous avez dit! Cherchez donc quel fonctionnaire peut être assujéti à autant de normes . L’ habitude est prise et ne s’arrêtera pas. Heureux d’être retraité et de n’avoir pas à connaître cet écrasement infantilisant de la profession.

  • Diem Thuy LE HUU

    29 octobre 2021

    Non à l’obligation ! C’est de la persécution !!!

  • Paul DE HERTOGH

    28 octobre 2021

    comment peut-on mesurer les fefets d'une formation continue (FMC) Peut-être en faisant des interrogations ou des examens??

  • Luc DEPIERREUX

    28 octobre 2021

    Visiblement le projet est le fait de non medecins ou de médecins non pratiquant.
    D une part , cela va encore augmenter la charge de travail bureaucratiques non médicale , les tracas d informatique approximative version 1.0, 2.1,…etc
    D autre part, ces prestations obligatoires ne serviront qu à faciliter les contrôleurs non médecins qui nous dirigent et nous sanctionnent, vont être energivores et time consuminge : donc moins de temps à « soigner » ( notre première raison d être devrait on rappeler) et nous laisser encore moins de temps à consacrer à nos familles et nos vie privée si tant est qu il nous en reste.
    Y a t il une autre profession dont les membres sont aussi mal traités par les politiques et bureaucrates ?
    On se demande pourquoi tant de jeunes se mettent encore sur les bancs de nos facultés
    Du délire effectivement mais MARRE

  • Daniel FRERE

    28 octobre 2021

    Honteux et qu’on impose d’abord cela aux politiques et aux avocats!!!

  • Marc JACQUEMIN

    28 octobre 2021

    Je ne peux qu'aller dans le sens de mes Confrères et le seul mot qui me vient: délirant.

    Dr Marc Jacquemin - 5620

  • Etienne PONCELET

    28 octobre 2021

    Demandons déjà à chaque médecin de suivre une formation continue (et rendons cette formation obligatoire) et un vrai glem ,cela permettra déjà de rehausser le niveau si nous utilisons correctement ce qui est proposé.
    Il faut arrêter de charger la profession car il risque d'y avoir une vraie désertification de la médecine allopathique et de voir fleurir des médecines hétéroclites

  • Igne PARMENTIER

    28 octobre 2021

    Ce matin , le soleil brillait et me donnait envie de partir me balader au lieu d'aller m'enfermer pour passer des heures au téléphone à répondre aux demandes répétitives des patients confrontés au covid.
    Les cours on line avec les questions relatives à notre compréhension sont très utiles , Une bonne "bibliothèque " de ces cours qui reprendraient tous les sujets importants serait bien plus constructive que ces élucubrations de fonctionnaires en mal de règles tatillonnes et vexatoires. Nous , les vieux , on devrait partir tous ensemble en vacances , au même moment et les laisser mariner dans leur délire

  • Luc BUYSSE

    28 octobre 2021

    Pourquoi faire simple et efficace (comme maintenant) quand il y a moyen de faire (très ) compliqué? Qu'on mette un système pareil en place et on ne devra pas s'étonner que les médecins plus (ou moins) âgés quittent rapidement la profession

  • Valérie DE DECKER

    28 octobre 2021

    Non mais sérieusement !! C'est une blague? A un moment, si on espère qu'il y ait encore des médecins sur le terrain il va falloir arrêter de mettre la pression et d'inventer toujours plus de contraintes... Nous nous laissons beaucoup trop faire. Inacceptable !

  • Jean-Louis MARY

    28 octobre 2021

    Tant le GBO que l'Absym trouvent le texte globalement bon !!!!!!
    Nos syndicats seraient-ils devenus fous ?

  • Bernard CAUCHETEUR

    28 octobre 2021

    Oui tout à fait !
    Il ne faudrait pas que l'accréditation soit obligatoire sinon il y a plein de médecins qui ne pourront plus professer....

  • Bruno LULLING

    28 octobre 2021

    C'est délirant ! J'espère que nos syndicats n'accepteront jamais une telle infantilisation et marchandisation des Médecins !