En 2014, on recensait 10.449 généralistes en Belgique, 3.491 en Wallonie et 1.185 dans notre province, indique l’Observatoire de Santé du Hainaut. «Cela représente un médecin pour une patientèle d’environ 1.000 habitants en Belgique et en Wallonie, contre plus de 1.100 en Hainaut.» Les professionnels des arrondissements d’Ath et de Charleroi sont les moins bien lotis, poursuit l’Observatoire, «puisqu’on y atteint 1.200 patients potentiels pour un généraliste».

La publication des «Tableaux de bord de la santé», une pratique qui se généralise et s’harmonise entre les différents «Observatoires provinciaux de la Santé», livre non seulement des indications sur l’état de santé de la population locale, mais aussi sur l’offre de soins et services médicaux. Le récent Tableau de bord hennuyer (lire par ailleurs sur ce site) ne fait pas exception à la règle. Il nous apprend par exemple que, à l’échelle de la province, on recensait en 2014 un MG actif pour 1.124 habitants (*).

«Le Hainaut dispose de moins de généralistes que la Wallonie (un pour 1.024 habitants) ou que la Belgique (un pour 1.067 habitants)», contextualisent les auteurs. Globalement, depuis l’année 2000, la «pression» – en termes de nombre d’habitants par MG – a augmenté partout dans le pays. Toutefois, en Hainaut, sur la période considérée, ce poids de la patientèle s’est accru davantage, «d’environ 24%, contre 22% en Wallonie et 14% en Belgique», ont chiffré les auteurs.

C’est à Froidchapelle (une commune rurale de la Botte du Hainaut, au bord des Lacs de l’Eau d’Heure) que le nombre d’habitants par MG est le plus élevé: on y dénombre un praticien pour 3.944 habitants. «Le nombre de médecins généralistes est également limité dans les communes de Quaregnon, Rumes, Momignies, Mont-de-l’Enclus, Seneffe et Pecq, où, en moyenne, un médecin généraliste est en charge de plus de 1.700 habitants. A l’opposé, la situation est nettement plus favorable à Gerpinnes, Enghien et Merbes-le-Château avec moins de 750 habitants par généraliste.»

L’Observatoire hennuyer prédit que, globalement, la situation risque de s’aggraver dans les années à venir au vu de la moyenne d’âge des MG du coin: 61% ont plus de 55 ans (pour 56% en Wallonie et 52% en Belgique). «La tranche d’âge des 55-64 ans est la plus représentée parmi les médecins généralistes du Hainaut. Seuls 13% sont âgés de moins de 40 ans. C’est nettement plus faible qu’en Belgique (17%) et en Wallonie (14%)», complète l’Observatoire.

Il souligne également cette conception de leur profession qu’ont les jeunes générations, qui fait que la force de travail d’un jeune médecin repris dans les listes d’actifs n’est plus forcément comparable à celle d’un confrère plus âgé. «Les jeunes médecins souhaitent exercer leur profession comme un métier et non plus comme un engagement de toute une vie. Ils veulent pouvoir dissocier vie professionnelle et vie privée, en travaillant avec des horaires raisonnables, en ayant une vie de famille et du temps libre.»

La disette en jeunes MG se fait davantage sentir dans les petites localités campagnardes, commente encore le Tableau de bord. Dans 24 communes sur 69, dont la majorité se situent dans les régions rurales du Hainaut occidental ou de la Botte du Hainaut, «tous les médecins sont âgés de plus de 40 ans». Et le Tableau de signaler qu’à l’inverse, des entités «bien pourvues en structures hospitalières et attractives au niveau socio-culturel (ou leurs proches voisines)» sont moins touchées par la désaffection de la relève: Mons, Ath, Soignies, La Louvière ou Charleroi voient toujours s’installer des médecins de moins de 30 ans.

Enfin, si en Belgique et en Wallonie, les femmes représentent presque 70% des MG sous la quarantaine, elles ne constituent que 63% de cette catégorie d’effectifs en Hainaut.