Si même les pays à haut revenu connaissent globalement une stagnation ou un déclin, qu’en est-il des autres? La pilule est amère…
Les auteurs de cette étude du Lancet répondent comme en échos à celle présentée dans le BMJ (Où il est question d’espérance de vie…). Ils ont parcouru la littérature entre 1990 et 2018. Plusieurs analyses précédentes avaient montré que de par le monde, 8 millions de morts étaient dues à un manque de soins, résultant en une perte de 6 milliards de dollars pour les pays à revenu faible et intermédiaire (PRFI ou LMIC en anglais, Low and Middle Income Countries).
L’OMS a proposé avec la Banque Mondiale d’offrir une couverture santé universelle pour 193 pays de l’ONU d’ici à 2030. Ceci permettrait d’offrir une assurance santé afin de réduire la morbidité et la mortalité dans ces pays. Cependant, on peut se poser la question de savoir si cela aurait réellement un impact dans les PRFI ou même dans d’autres pays. Certaines analyses ont montré que cela n’aurait un effet que dans un tiers des cas au Vietnam, au Brésil et en Chine alors qu’aux USA, cette couverture universelle permettrait effectivement d’améliorer l’état de santé global des citoyens étasuniens. Il demeure donc encore un grand nombre de questions.
C’est en cela que l’étude du Lancet, financée par le Fonds Bellinda & Bill Gates, est utile. Les auteurs ont étudié 61 objectifs de développement durable en regard des causes de décès dans chacun des PRFI considérés et les ont comparés à 23 pays de référence considérés comme à haut revenu.
Des soins de qualité
Le constat est affolant. En 2016, l’excès de décès a été évalué à plus de 15 millions, considérant les 61 objectifs prédéfinis au départ. Après exclusion des décès qui auraient pu être prévenus par des mesures de santé publique, il restait 8,6 millions de morts pouvant être imputées aux soins de santé eux-mêmes. De ceux-ci, 5 millions ont été estimés au fait que ces personnes ont reçu des soins de mauvaise qualité et 3,6 millions au fait qu’ils n’ont pas eu accès à ces soins. Les soins de santé de mauvaise qualité constituent donc une composante majeure de cet excès de décès, qu’il s’agisse de maladies cardiovasculaires, de blessures ou de troubles néonataux ou infectieux.
Il est donc de la responsabilité de chaque état de prendre position par rapport à cette couverture universelle afin d’améliorer la qualité des soins partout dans le monde. Car comme pour les réfugiés économiques et écologiques, nous devrions peut-être aussi réfléchir aux réfugiés sanitaires: ne serait-il pas plus juste d’augmenter, dans leur propre pays, la qualité de vie, la sécurité et les soins auxquels ils ont droit. Un autre choix sociétal…