Un médecin nivellois vient d’être suspendu pour diffusion « d’opinions douteuses, des thèses non suffisamment étayées et des pratiques médicales qui ne cadrent pas avec les connaissances scientifiques actuelles généralement admises ».  

On a connu les querelles épiques et déplorables qui ont fait rage autour des traitements à l’hydroxychloroquine prônés par le Pr Didier Raoult à Marseille. Si a priori, il pouvait y avoir des arguments rationnels (le fameux « rationale » des publications scientifiques), les essais cliniques ne se sont pas montrés convaincants. La très sévère Cochrane Collaboration concluait vers le milieu de l’année dernière qu’il était peu probable que l’hydroxychloroquine soit efficace contre cette infection A posteriori et jusqu’à preuve du contraire, ce type de traitement ne reposait donc pas sur des données très solides. Cela n’a pas empêché notre confrère de l’inclure dans un cocktail médicamenteux qu’il préconise auprès de patients ayant accusé un autotest positif ou présentant des signes sévères. Et dans cette formule miracle figurent aussi du zinc, de la vitamine D, de l’azithromycine et … de l’ivermectine. Or les études actuellement disponibles ne permettent pas d’affirmer que ce médicament antiparasitaire est efficace, tant en prévention qu’en traitement de la COVID. Même si elle semble atténuer les symptômes dans un modèle animal, l’OMS a recommandé l’an dernier de ne l’utiliser pour l’instant que dans des études cliniques rigoureuses. 

Manque de circonspection ?

La teneur de cette prescription est disponible sur le site de notre confrère , qui est avant tout chirurgien vasculaire si l’on en croit ce qui est dit ce site. On peut se demander si cela est bien prudent, même si c’est assorti de précautions du genre « cela relève de la médecine » ou « il faut absolument que j’aie un contact avec vous ». Il ajoute également qu’il ne prendra pas d’honoraires. Dont acte. 

Mais il faut en effet se montrer très nuancé dans la communication envers le public et l’Ordre rappelle dans un avis (Médecins et medias numériques) les informations qui peuvent figurer sur le site d’un homme de l’art. Les enjeux sont la santé, le bien-être et la survie des patients. 

La fiabilité du médecin aux yeux du public est élevée et va souvent de pair avec une grande crédulité de la part de personnes qui sentent leur santé menacée. On en veut pour preuve, dans le cas présent, le rassemblement de patients devant le siège du Conseil de l’Ordre du Hainaut pour soutenir le médecin le jour où il se défendait devant la juridiction professionnelle. Il y a d’ailleurs tenu le discours que sa position était « basée sur des études dénuées de conflit d’intérêt ».  

Quelles études ?

Là se trouve une difficulté réelle. Tout en dénonçant les études acceptées par la majorité des experts, il apporte  sur son site d’autres travaux à l’appui de ses positions . La question est de savoir quels critères de validité on prend comme repères. C’est sans doute là aussi que réside une part de la querelle. Ajoutons encore que dans la suite de sa défense, il est question des effets indésirables des vaccins. Et cela sur un ton qui, lui aussi, pourrait être perçu comme ayant des relents complotistes. Mais il ne nous appartient pas de juger. Le Conseil du Hainaut, lui, a prononcé une suspension de deux ans et l’intéressé fait appel.  

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