Des crocs infirmiers devant la Commission européenne illustrent la désertion du secteur

La Fédération syndicale européenne des services publics (FSESP) a déposé vendredi matin au pied du bâtiment de la Commission européenne à Bruxelles 100 paires de "crocs" infirmiers blancs pour représenter les 421.000 travailleurs du secteur social-sanitaire qui ont quitté la profession entre fin 2019 et aujourd'hui.

Pour la journée mondiale d'action pour les soins, cette action symbolique en écho à l'annonce de la stratégie européenne de soins a réuni quelques dizaines de personnes. Des délégations de travailleurs sont venues d'Espagne, d'Allemagne, des Pays-Bas, et de France. Des discours ont été prononcés.

Le nombre 421.000 a été écrit avec des grands chiffres en carton et a été repris sur des banderoles. Il ressort de données d'Eurostat, service de la Commission européenne chargée de l'information statistique. Sur le graphique des résidences de soin en rapport, la perte en travailleurs est fulgurante durant le premier semestre 2020, au début de la pandémie. Le taux d'emploi plafonne depuis lors sous le seuil des 4 millions de travailleurs dans l'Union européenne, alors que la masse salariale connaissait une croissance constante depuis au moins 2008.

"Des personnes sont parties à la retraite, en burn out, en dépression ou ont démissionné", explique Pablo Sanchez Centellas, porte-parole de la FSESP, syndicat basé à Bruxelles qui compte environ 8 millions de membres, majoritairement des femmes, dans l'Europe élargie. "A l'arrivée de la pandémie, des gens se sont dit que, pour par exemple quelque 890 euros en Espagne, ils préféraient travailler dans un café plutôt que de risquer leurs vies et de voir des gens mourir quotidiennement sous leurs yeux dans les maisons de repos... Ils s'usent la santé et n'ont pas de perspectives de carrière".

La FSESP a publié un rapport sur le secteur des soins et les leçons à tirer de la pandémie. Elle demande à ce que les milliards déployés pour le plan de relance européen "Next Generation EU" profitent plus largement aux soignants et autres petites mains du secteur des soins. "On veut plus de personnel et des travailleurs mieux payés, car aujourd'hui les personnes qui entrent dans le secteur n'entrevoient pas de futur et en partent", continue Pablo Sanchez Centellas. "Les gens ont applaudi les soignants des hôpitaux et des maisons de repos. Dans la plupart des pays, ils ont obtenu des primes, mais ce n'était pas structurel. On critique ici d'ailleurs des recommandations de la Commission européenne, qui appellent les États membres à ne pas faire d'augmentations structurelles pour ne pas creuser le déficit public et alourdir la dette. On ne peut pas revenir à des mesures d'austérité comme il y a 10 ans".

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