Des rencontres inédites entre arts culinaires et plastiques en mai et juin à Bruxelles

Faire se rencontrer l'art plastique et la gastronomie, c'est l'objectif de la scénographe culinaire belge Alexandra Swenden avec son événement bruxello-parisien "L'oeuvre au corps". Du 19 mai au 18 juin, six chefs belges et français collaboreront avec six artistes internationaux le temps de trois ou quatre soirs pour offrir une expérience unique à leurs convives.

A Bruxelles, ce sont les chefs étoilés Christophe Hardiquest ("Bon Bon"**), Karen Torosyan ("Bozar"*) et Nicolas Decloedt ("Humus X Hortense", étoile verte) qui ont répondu présent pour participer à l'aventure artistique et peu commune co-montée par la Galerie "La Forest Divonne", présente dans les deux capitales.

Locavore convaincu et amoureux de la gastronomie belge, le premier toqué, doublement étoilé, a imaginé son menu en s'inspirant de ses rencontres avec l'artiste plasticienne française Rachel Labastie, dont le terrain de jeu est principalement l'argile. Maître-artisan, pour lequel le pâté en croûte n'a aucun secret, Karen Torosyan a, lui, échangé avec le tout aussi méticuleux et perfectionniste que lui, peintre californien, Jeff Kowatch. Et enfin, le chef le plus végétal de Bruxelles, Nicolas Decloedt a travaillé en étroite collaboration avec la sculptrice anveroise Tinka Pittoors, qui expose des créations baroques et colorées.

Chaque artiste est ainsi appelé à aménager une partie du restaurant de son binôme, autour d'une table d'une dizaine de personnes, où seront assis les convives ainsi que l'auteur des créations. A leur tour, les toqués s'inspirent des œuvres pour créer une expérience culinaire unique qui sera déclinée en déjeuners ou diners (31 mai, 7 et 15 juin pour le lunch chez "Bon Bon"; 24 mai, 1er et 7 juin en soirée chez "Bozar" et 25 mai, 2, 8 et 9 juin chez "Humus X Hortense"). En parallèle, les deux galeries exposeront chacune les trois artistes associés au projet dans leur ville. "Certains chefs y proposeront une saveur qu'ils associent à l'&oe lig;uvre, sous la forme d'une épice, d'un thé, d'une huile, d'une bouchée ou d'une herbe, prélude à l'expérience de tous les sens proposée dans les restaurants", précise Mme Swenden.

Les duos composés pour les rencontres parisiennes sont le chef Alain Passard ("L'Arpège***) et le sculpteur français Jean-Bernard Métais, Bruno Verjus ("Table"**) et l'artiste-peintre français Guy de Malherbe ainsi que Adeline Grattard ("Yam'Tcha"*) et l'artiste-plasticienne Valérie Novello.

Le but de la manoeuvre: proposer une expérience sensorielle qui mêle l'art, le goût et le corps; trois éléments qui ont toujours fasciné la scénographe, qui compte bien réitérer le concept dans le futur, mais sous d'autres formes. Ce cheminement, la Belge l'a exploré en se posant une question initiale: l'interprétation culinaire d'une peinture ou d'une sculpture peut-elle modifier l'impression que l'on en a ou ouvrir vers d'autres perceptions?

Les initiateurs du projet ont formé les duos en fonction de leurs sensibilités communes. Les uns et les autres travaillent ensemble depuis plusieurs mois pour affiner leurs perceptions respectives de l'autre. "J'ai tout simplement posé la question à chacun des chefs: pour toi, c'est quoi le goût d'une oeuvre? L'objectif n'est pas de proposer à un chef de reproduire dans l'assiette l'œuvre de l'artiste mais d'en donner l'émotion à ressentir, par tous les moyens à sa disposition: le goût, la texture, le parfum, les couleurs, la température et la composition", détaille encore Alexandra Swenden qui signe là un de ses projets "les plus intimes".

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