"Commencez à utiliser l’IA maintenant et apprenez de vos confrères" (Dr Inge Van Boxelaer)

« Les prestataires de soins de santé ne craignent pas que l'IA remplace leur travail. Ils craignent plutôt que l'IA soit conçue et mise en œuvre sans eux. » Cette affirmation, tirée d’un rapport de l’OCDE consacré à l’intelligence artificielle, a été mise en avant par le Dr Inge Van Boxelaer (endocrinologue à l’AZ St-Lucas, Gand) lors du webinaire du GBS consacré à l’IA.

La fondatrice de l’association Diabotech estime également que les professionnels de santé et les médecins doivent être plus impliqués pour s’assurer que l’IA soit bien développée et que les prestataires puissent l’utiliser.

Pour le Dr Van Boxelaer, il est important de distinguer l’IA prédictive de l’IA générative.

L’IA prédictive est actuellement utilisée en endocrinologie pour prédire, grâce à des applications, le taux de glucose afin de personnaliser le traitement et la nutrition des patients diabétiques, et pour pouvoir impliquer ces derniers dans leur traitement. L’IA est aussi utilisée pour prédire le risque de diabète et ses complications, pour contrôler la compliance médicamenteuse, ou encore pour délivrer automatiquement de l’insuline en connectant une pompe à un capteur.

Ces capteurs peuvent désormais prendre la forme de montres ou de bagues connectées. « Toutes les données (tension artérielle, sommeil…) engrangées dans ces applications peuvent créer des alertes pour bouger plus, manger plus sainement… Ces applications peuvent nous aider à avoir une vie plus saine. Ces informations permettent également de créer un phénotype métabolique de notre corps, qui facilite des interventions plus personnalisées sur notre style de vie. »

Elle précise que l’American Heart Association a annoncé récemment qu’il est possible de détecter, grâce à l’IA, le diabète ou l’hypertension d’un patient en regardant des vidéos de ses mains ou de son visage.

L’IA générative est utilisée par les médecins pour le support décisionnel clinique, la documentation clinique, la recherche… Les chatbots permettent aux patients d’adopter un comportement alimentaire plus sain ou de perdre du poids. ChatGPT peut être utilisé en diabétologie pour éduquer le patient. Ce dernier peut y trouver des informations sur les exercices à faire, sur le diabète, sur les traitements, ou encore sur le calcul des calories.

Outils de transformation personnalisés

Afin d’alimenter la réflexion des participants au webinaire du GBS, le Dr Van Boxelaer a repris les conclusions d’un article sur l’influence de l’utilisation de l’IA sur le raisonnement diagnostique (publié dans le JAMA le 24 octobre 2024) : « Les médecins utilisaient ChatGPT comme un moteur de recherche pour des questions orientées : la cirrhose est-elle un facteur de risque de cancer ? Quels sont les diagnostics possibles pour une douleur oculaire ? Seule une fraction des médecins a réalisé qu'ils pouvaient littéralement copier-coller l'ensemble de l'historique du cas dans le chatbot et lui demander de donner une réponse complète à l’ensemble de la question. Seule une fraction des médecins a réellement vu les réponses étonnamment intelligentes et complètes que le chatbot était capable de produire. »

L’IA est déjà utilisée pour prendre en charge le diabète et, selon le Dr Van Boxelaer, elle le sera encore plus dans le futur. Un développement particulièrement intéressant sera l’utilisation de « nudges » (des outils de transformation personnalisés, NDLR) pour changer les comportements. « Commencez à utiliser l’IA maintenant et apprenez de vos confrères », conseille l’endocrinologue.

> Découvrez le rapport de l'OCDE

Lire aussi: Comment les médecins utilisent-ils l’IA au quotidien ? (GBS)

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Derniers commentaires

  • Charles KARIGER

    11 décembre 2024


    1. RGPD, protection des données, confidentialités… finis, oubliés ! Rappel : avec quelques lignes seulement d’un « historique » (une anamnèse et une situation clinique), la Chatgpt aura instantané-ment identifié la Patiente !
    2. Est réputée « IDENTIFIABLE », « une personne physique qui peut être identifiée, directement ou indirectement, notamment par réfé-rence à un identifiant, tel qu’un nom, un numéro d’identification, des données de localisation, un identifiant en ligne, ou à UN OU PLUSIEURS ELEMENTS SPECIFIQUES PROPRES A SON IDENTITE PHYSIQUE, PHYSIOLOGIQUE, GENETIQUE, PSYCHIQUE, économique, culturelle ou sociale ».
    3. Même aux USA,
    « Un patient doit, p. ex., signer une autorisation spécifique avant qu'un professionnel de santé puisse délivrer une information mé-dicale à une compagnie d'assurance-vie, une banque, une entre-prise de marketing ou à toute autre entreprise. »