Santé connectée: fermeture des cabines de téléconsultation H4D en France

L’entreprise pionnière de la téléconsultation en cabine en France, H4D, a été placée en liquidation judiciaire fin septembre 2024, après plus de dix ans d’activité. Malgré des efforts continus pour promouvoir un accès aux soins via des cabines médicales connectées, H4D n'a jamais réussi à trouver un modèle économique viable. Cette faillite soulève des questions sur l’avenir des dispositifs de téléconsultation et sur la pérennité d’un secteur bouleversé par la crise du Covid-19.

Fondée en 2008, H4D avait pour ambition de démocratiser la téléconsultation en proposant des cabines médicales connectées, capables de réaliser des diagnostics à distance grâce à des objets connectés sophistiqués. Son produit phare, la CS Clinic, offrait jusqu’à 14 instruments connectés, permettant une large gamme d’examens médicaux. Malgré un financement important — 15 millions d’euros levés en 2020 — et une présence dans une soixantaine de sites (entreprises, collectivités, résidences pour seniors, Croix-Rouge), H4D n’a pas réussi à s’imposer durablement. Près de 20 000 consultations avaient pourtant été réalisées à travers ses cabines avant sa fermeture.

Le modèle économique d’H4D reposait sur la vente de cabines, facturées jusqu’à 100 000 euros, un coût difficile à amortir pour les acheteurs. De plus, l’entreprise devait rémunérer des médecins externes pour chaque consultation, ce qui a accru ses pertes à mesure que les consultations augmentaient. Ce modèle était déjà sous pression avant même la crise du Covid-19, mais l’arrivée de la pandémie et la généralisation des remboursements de téléconsultation par l’Assurance maladie ont précipité la chute.

La réponse de Medadom : un modèle plus flexible

Face à cette liquidation, Medadom, un autre acteur du secteur de la téléconsultation, a immédiatement réagi. L’entreprise a proposé de prendre le relais en offrant gratuitement ses services aux communes affectées par la fermeture des cabines H4D, avant de formaliser des contrats avec elles. Nathaniel Bern, co-fondateur et CTO de Medadom, a souligné dans l'Usine Digitale que c’est la gestion et le modèle économique d’H4D qui ont mené à sa perte, plutôt qu’un désintérêt pour les cabines de téléconsultation elles-mêmes.

Medadom a opté pour une approche plus flexible, avec des dispositifs moins coûteux et plus simples : des bornes et cabines proposées en location, avec des tarifs allant de 200 à 400 euros par mois. Contrairement à H4D, Medadom a réduit le nombre d’objets connectés pour se concentrer sur l’essentiel, permettant de maintenir un coût raisonnable tout en répondant aux besoins médicaux de base.

Medadom capte aujourd’hui 15 % des téléconsultations mensuelles en France, soit plus de 200 000 actes par mois, selon les données de l’Assurance maladie. La majorité de ces consultations se déroulent dans des pharmacies, où sont installés 95 % de ses dispositifs, tandis que 200 collectivités locales ont également adopté ses cabines. Medadom se déclare rentable et en croissance, soutenue par plus de 1000 médecins affiliés à son réseau.

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