France : les MG demandeurs de collaboration interprofessionnelle, pas de substitution

Collaborer avec d’autres professions de soins, ça ne veut pas dire se faire évincer. Tel est, en bref, le message que l’Ordre des médecins français et les syndicats de praticiens libéraux ont relayé en rangs serrés (fait rare…) au législateur. Le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2022 envisage en effet un accès direct des patients aux infirmiers de pratique avancée et aux kinés. 

Alors que la Région wallonne s’apprête à croiser les points de vue des acteurs de la première ligne en vue d’une réorganisation de celle-ci et d’une meilleure articulation entre métiers (ce sont les « Assises » annoncées par la ministre Morreale), la France connait une levée de boucliers des MG contre ce qui leur apparait comme une dénaturation de leur rôle. 

Des articles du projet de loi de financement de la sécurité sociale, approuvé en première lecture fin octobre par l’assemblée nationale, organisent l'accès direct du public, c’est-à-dire sans ordonnance, à ce stade à titre expérimental et dans le cadre de structures d’exercice coordonné (1), aux infirmiers de pratique avancée, kinésithérapeutes et orthophonistes. Les orthoptistes sont aussi habilités, sous conditions, à procéder sans prescription à certains bilans ou renouvellements de verres.  

Le syndicat MG France s’insurge contre ces « transferts de tâches non concertés ». Lui qui, rappelle-t-il, a été depuis 30 ans un moteur de toutes les initiatives de coopération en soins primaires (les maisons de santé pluriprofessionnelles, les infirmières Asalée, l'assistant médical pour les MG...) ne renie pas ses convictions : oui à la coordination interprofessionnelle… mais pas n’importe comment. 

Dans une protestation commune, l’Ordre et les autres syndicats de médecins libéraux dénoncent une prise en charge « déconnectée de tout diagnostic médical et de toute stratégie thérapeutique globale » avec à la clef de possibles retards de diagnostic et pertes de chances pour les patients (et qui amène des questionnements autour de l’exercice illégal de la médecine…) 

Qu’on parle de côté expérimental et de structures d’exercice coordonné n’est guère rassurant aux yeux des signataires, car il n’y a pas eu jusqu’ici, disent-ils, de validation scientifique externe de ce type de projets-pilotes et qu’un exercice au sein de pareille structure ne garantit pas une prise en charge coordonnée par un médecin.

« Les médecins généralistes sont demandeurs de collaboration et pas de substitution », clame MG France. « Expérimenter une médecine sans médecins ne peut être la solution aux difficultés démographiques actuelles et prévisibles depuis plus d’une décennie », dénoncent les signataires. Ils reprochent au gouvernement Macron de ne pas avoir organisé de concertation avec les professions concernées sur « l’évolution des périmètres métiers » et la réclament.

Chez nous, les Assises pourraient être le creuset où exprimer cette volonté de coopérer, de déléguer sans se sentir évincés, avec relais vers le Fédéral.

Vous souhaitez commenter cet article ?

L'accès à la totalité des fonctionnalités est réservé aux professionnels de la santé.

Si vous êtes un professionnel de la santé vous devez vous connecter ou vous inscrire gratuitement sur notre site pour accéder à la totalité de notre contenu.
Si vous êtes journaliste ou si vous souhaitez nous informer écrivez-nous à redaction@rmnet.be.