«La prévention est une priorité pour redresser la région» (Dr Pascale Grandjean)

«La région de Mons souffre d’un manque de culture du bien-être et de la prévention.» La Dr Pascale Grandjean, qui sera tête de liste aux communales pour Les Engagés de Mons,  veut changer cela en intégrant la santé dans chaque aspect de la politique locale.

Gynécologue-obstétricienne, la Dr Pascale Grandjean travaille au CH"U Helora et est très investie dans la région de Mons, sur laquelle elle porte un regard lucide : « Je vis dans cette région depuis 30 ans et elle se dégrade de plus en plus. La région n’a vraiment pas une culture de la bonne santé, comme le montrent les rapports de l’Observatoire de la santé du Hainaut. Les gens n’ont pas cette culture du bien manger, du bien bouger et du bien-être... et ils consomment beaucoup d’alcool. C’en est presque culturel. »

La santé comme matière transversale de chaque échevinat

Elle sera tête de liste aux communales pour Les Engagés de Mons. Yves André, chef de file actuel au conseil communal, sera en dernière position. « Je voulais être indépendante pour former ma propre liste complète. Je tenais vraiment à mettre le fil rouge de la santé dans notre projet communal. Le but n’est pas de créer un échevinat de la santé, car cela représenterait des coûts supplémentaires. Par contre, je souhaite que la santé soit traitée de manière transversale pour qu’elle se retrouve dans chaque échevinat communal. C’est une impulsion que je veux donner au niveau local avec des projets pilotes de dépistage des maladies cardiovasculaires, du diabète, et un dépistage mieux organisé pour le cancer du sein. »

Un travail de terrain

La Dr Pascale Grandjean était en deuxième position pour le scrutin régional, derrière Pascal Baurain. Elle avait obtenu un score de 2 177 voix. « Personnellement, je veux, par cet engagement politique au niveau communal (c'est-à-dire le niveau le plus proche du citoyen), être la plus concrète et la plus efficace possible. Je vais prendre l’exemple du cancer : nous voyons des patientes arriver dans des états catastrophiques... des personnes qui n’ont pas fait d’examens depuis 10 ans... des femmes qui peuvent parfois avoir des seins tout à fait ulcérés. Les gens n’ont pas la culture d’aller faire un bilan de santé chez le médecin. Je trouve cela dommage. »

Depuis le début de la campagne, elle multiplie les contacts : « Sur le terrain, j’ai rencontré les PMR (personnes à mobilité réduite) et d’autres acteurs. Je vois que des normes légales internationales proposées par l’ONU ne sont pas appliquées sur les nouvelles voiries. Les grandes campagnes de prévention nationales ont du mal à atteindre la population. Par contre, les petites campagnes locales, dans des salles modestes, voire sur les marchés ou à l’entrée d’un hôpital, sont plus efficaces. »

Elle attend également que les autres niveaux de pouvoir jouent leur rôle : « Je trouve dommage que la prévention soit du ressort de la région, alors que le curatif dépend du niveau fédéral. Nous devons mieux travailler sur la prévention. »

La sécurité, un élément important de la santé

Si la santé est sa priorité, elle veille également à d’autres aspects de la vie en société : « La sécurité est aussi un élément important pour moi. Je le constate chez mes jeunes patientes en suivi de grossesse, qui souffrent de sérieux problèmes de consommation de substances, par exemple. Nous devons agir au niveau local pour mieux contrôler les trafics. Même la police et les douaniers sont dépassés. Les assuétudes et leur prise en charge sont un véritable enjeu communal. »

Agir avec un diététicien

Le lien entre la santé et le travail est une autre réalité de son quotidien de médecin : « Nous avons 18 % de chômage. Une personne sur cinq qui ne travaille pas, c’est énorme ! On connaît l’impact sur la santé du "non-travail". Il faut redonner la dignité du travail. Ces personnes sont souvent déprimées, mangent mal... Il y a vraiment un problème d’éducation et un déterminisme social à combattre. Nous avons une couronne verte autour de Mons avec des agriculteurs de qualité qu’il convient de mieux valoriser. J’ai d’ailleurs un diététicien pédiatrique qui est 10e sur ma liste. Nous voulons, en intervenant dans les écoles, éduquer les enfants à une alimentation saine. »

Un autre aspect lui tient à cœur : la vaccination. « Je suis partie du projet de vaccination contre le HPV suite au Conseil européen, qui proposait que 90 % des jeunes soient vaccinés d’ici 2030 dans les écoles. Dans notre région, nous sommes à environ 51 %. Nous atteignons péniblement 60 % avec la vaccination des garçons. Pourtant, je rappelle que l’argent investi dans la prévention est bien investi, car chaque euro investi en préventif permet d’économiser quatre euros en soins de santé. »

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