© Centre de crise national
Le Centre fédéral d'expertise des soins de santé (KCE) a publié jeudi ses recommandations concernant l'organisation de l'aide médicale en cas de catastrophe ou d'attentat dans le cadre d'un incident CBRNe. Le centre plaide notamment en faveur d'une plus grande mobilisation des soins médicaux spécialisés et de moyens dédiés supplémentaires.
Le KCE a été sollicité par le SPF Santé publique afin d'examiner les moyens améliorer l'administration des soins médicaux dans le cadre d'un incident CBRNe. Il s'agit d'une situation d'urgence caractérisée par la libération de substances chimiques (C) ou biologiques (B) ou par une contamination radiologique ou nucl éaire (RN), parfois par le biais d'une explosion (e). Cela peut concerner un accident dans une entreprise de produits chimiques, une catastrophe nucléaire voire un attentat terroriste.
Les hôpitaux belges jouent déjà un rôle de premier plan pour assurer les soins médicaux dans les situations d’urgence. Le KCE propose donc de partir de l’expertise existante et de répartir les établissements en deux catégories : les hôpitaux CBRNe de Type I et les hôpitaux CBRNe de Type II. Dans ce scénario, les hôpitaux CBRNe de Type I, spécialisés, traitent les victimes CBRNe grièvement blessées. Ces hôpitaux sont répartis partout sur le territoire et disposent idéalement de services et départements spécifiques, comme un centre des grands brûlés et un centre de traumatologie lourde. Les hôpitaux CBRNe de Type II, de leur côté, doivent être en mesure d’accueillir les victimes qui se présentent d’elles-mêmes à l’hôpital après l’incident – ce que l’on appelle une évacuation spontanée et/ou incontrôlée – et débuter la décontamination. Ils doivent aussi pouvoir prendre en charge les personnes ne nécessitant pas de soins complexes.
Tous les hôpitaux doivent aussi pouvoir empêcher l’accès à leurs bâtiments aux victimes, le but étant de les accueillir dehors pour éviter qu’elles ne contaminent le personnel de l’établissement, les autres patients ou les infrastructures, mais aussi pour préserver les soins courants. Les hôpitaux doivent également être capables de décontaminer correctement les victimes. En outre, ils doivent disposer de suffisamment d’équipements de protection individuelle (e.a. combinaisons et masques) et leurs collaborateurs doivent être formés à identifier et aider les victimes contaminées en temps utile.
Le centre d'expertise préconise également une décontamination la plus rapide possible des lieux de la catastrophe, doublée d'une aide médicale spécialisée. Cependant, le KCE pointe que la Protection civile, qui a la capacité de décontamination la plus importante, a un délai d'intervention relativement long et n'a pas de formation médicale. En outre, la Belgique ne dispose que d'un seul SMUR spécialisé en CBRNe, à l'hôpital militaire Reine Astrid à Bruxelles. Le KCE recommande donc d'augmenter ce nombre d'unités SMUR.
Enfin, le KCE plaide pour un inventaire des stocks d'antidotes et d'équipements de protection, ainsi qu'une équipe centralisée de spécialistes CBRNe et un financement de la planification et de la préparation aux situations d'urgence. Il préconise enfin une communication adéquate vers la population en cas d'incident CBRNe.