Mercredi dernier, l'American Journal of Public Health a publié un article signé par Frank Vandenbroucke et Pedro Facon. Les deux auteurs appellent à des réformes urgentes des systèmes de santé et à des investissements stratégiques pour mieux préparer les pays aux crises sanitaires à venir, tirant les leçons de la pandémie de COVID-19.
La pandémie a révélé les failles des systèmes de santé. Bien que certains aient su répondre rapidement, le coût en vies humaines a été immense, avec un nombre important de décès et de séquelles à long terme. Le personnel soignant, souvent surmené, a souffert d’une fatigue durable. Franck Vandenbroucke et Pedro Facon estiment que la préparation aux crises futures doit passer par le renforcement des institutions de gestion des urgences, tant au niveau national qu'international. En Europe, des initiatives telles que l'élargissement du mandat de l'Agence européenne des médicaments (EMA) et la création de l'Autorité de préparation et de réponse aux urgences sanitaires (HERA) sont des premiers pas importants, mais insuffisants. Ils avertissent que la préparation ne doit pas se limiter aux maladies infectieuses respiratoires : les menaces climatiques, chimiques et autres crises inattendues doivent également être anticipées.
La résilience ne se limite pas à la préparation
Selon les auteurs, la capacité de résilience ne repose pas uniquement sur la préparation à une crise, mais aussi sur la solidité des systèmes de santé avant même qu’une crise ne survienne. En effet, les systèmes de soins qui avaient déjà des bases solides ont mieux réagi face à la pandémie. Cela souligne l’importance d’une approche systémique pour corriger les faiblesses structurelles. Il s’agit également de créer une confiance mutuelle entre les citoyens, les responsables politiques et les experts scientifiques, cruciale pour une gestion efficace de la crise.
Réformes nécessaires : prévention et santé publique
Les auteurs mettent l’accent sur la prévention, largement sous-développée malgré son efficacité prouvée. Les politiques publiques doivent promouvoir des modes de vie plus sains, lutter contre la pauvreté et améliorer les conditions de vie. En outre, l’organisation des soins doit devenir plus centrée sur le patient. Les soins primaires, en particulier, souffrent d'une fragmentation excessive, freinant leur efficacité.
Ils appellent à une révision des rôles des professionnels de santé, afin de mieux utiliser leurs compétences, et à un recours accru aux solutions numériques pour améliorer la qualité des soins.
Investir pour la résilience
Selon l'OCDE, des investissements représentant 1,4 % du PIB, comparés aux dépenses de 2019, sont nécessaires pour renforcer la résilience des systèmes de santé. La moitié de cette somme doit être dédiée à la formation et au renforcement de la main-d'œuvre médicale, tandis que l'autre moitié doit cibler la prévention et l'amélioration des infrastructures, y compris les systèmes numériques.
Bien que les contraintes budgétaires actuelles soient importantes, Vandenbroucke et Facon rappellent que l’investissement dans la santé est un investissement dans la société elle-même. Des systèmes de santé solides sont essentiels pour garantir la prospérité économique et sociale à long terme.
Une transformation indispensable
Pour les auteurs, la prochaine décennie doit être marquée par des systèmes de santé centrés sur les patients, durables et résilients. Les réformes doivent aller de pair avec des investissements stratégiques pour répondre aux crises futures et aux défis de long terme, comme le vieillissement de la population. Ils insistent sur l’importance d’une coopération entre les gouvernements, les professionnels de santé et les institutions internationales telles que l’OCDE, l’UE et l’OMS pour réussir cette transformation.
Franck Vandenbroucke et Pedro Facon appellent , pour conclure, à une action concertée et immédiate pour créer des systèmes de santé prêts à affronter les crises de demain, tout en répondant aux besoins des générations actuelles et futures.
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