Comme les provinces wallonnes, la capitale a eu droit à son focus group Möbius sur les conclusions (intermédiaires?) de l’audit PMG. «Et comme les confrères, nous nous sommes interrogés: mais d’où sort ce chiffre des 100 contacts à réaliser par 24 heures, par poste, par 100.000 habitants?», s’étonne Michel De Volder. Le président de la FAMGB témoigne: «Nous n’avons pas cette demande de la population, pas dans cette proportion-là!»
«Imaginez. Si on travaille par tranche de 100.000 habitants, il vous faut, pour Bruxelles, multiplier par 10 à 12. Ça fait 1.000 à 1.200 contacts patients sur une journée, soit une cinquantaine par heure, alors qu’un MG en assure habituellement quatre. Il faudrait mobiliser 12 médecins», calcule le Dr De Volder. «Je sais que par ‘contacts’, Möbius entend aussi bien les consultations que les visites. Mais justement, chez nous, sur une heure, le MG de garde mobile n’arrive à assurer qu’une seule visite, ou peut-être 1,2, pour des raisons de trafic…» Toujours est-il que, pour se plier à cette barre des 100 interactions, on devrait «démultiplier le nombre de généralistes mobilisés». Une démarche à rebrousse-poil des évolutions imprimées dernièrement...
«De toute façon, nous n’avons pas cette demande de la population, pas dans cette proportion-là du moins. Si on devait tendre vers cet objectif, il faudrait un 1733 qui régule, en amont, freine l’impulsivité des patients à se présenter aux urgences – celles-ci sont doublement fréquentées à Bruxelles par rapport au reste du pays – et les ‘détourne’ vers les postes de médecine générale. Que, pour rester cohérent, l’on devra alors multiplier aussi. Voire, comme l’entendent les autorités, placer à proximité des services d’urgence. Il y a 9 Smur à Bruxelles. Faut-il en arriver à en avoir 9 PMG? On est loin du compte alors. Nous venons de recevoir le financement pour le 4ème…»
Modularité saisonnière
Bref, le scénario semble peu réaliste, pour ne pas dire peu opportun, au président de la Fédération des associations de MG bruxellois, qui rapporte avoir tenté de faire comprendre à Möbius les limites d’un chiffre «uniforme», «pondu d’on ne sait où», qui ne prenne pas en compte l’étendue des cercles, le nombre de MG, la densité de population ou celle du maillage hospitalier… entre autres spécificités loco-régionales. Michel De Volder souligne à quel point Bruxelles «dispose à présent pour la garde d’un système souple et réactif», capable d’absorber les pics de sollicitation. «Samedi dernier [5 novembre, ndlr], le poste Athena était débordé. En un coup de fil, un MG supplémentaire était mobilisé et on évitait la fuite de patients vers les hôpitaux.» Une modularité qui, dit-il, permet de faire face aux épidémies virales, comme maintenant, en sachant qu’à la belle saison, «jamais on n’atteindra les 100 patients bruxellois. L’été, ils ne sont pas là.»
Si on change les règles du jeu, il y aura une distorsion entre les projets tels qu’on les construit et la nouvelle donne, regrette le boss de la FAMGB, qui se dit dans l’expectative. «Qu’est-ce que les auditeurs vont sortir de tout ça? Et est-ce que ce sera en adéquation avec les possibilités du terrain? Que veut vraiment le cabinet? S’il s’agit d’un système de santé basé sur la première ligne, alors la garde population doit être maintenue accessible sur tout le territoire, y compris en décentralisation par rapport aux hôpitaux. Je suis personnellement pour des collaborations avec l’hôpital, mais ce n’est pas un modèle unique.»
A noter par ailleurs que la FAMGB phosphore sur un projet collectif permettant à la profession d’absorber, en journée de semaine, des demandes induites par l’indisponibilité temporaire d’un médecin traitant (ou le défaut de médecin attitré). Plus de détails à ce sujet dans une prochaine édition papier de Medi-Sphere.