Une étude suisse montre qu’un élément indésirable est survenu dans 12,3% des hospitalisations. Près de la moitié d’entre eux (6%) auraient pu être évités. Et en Belgique?
Chaque acte posé dans un hôpital est susceptible de connaître une ou plusieurs complications ou infections opératoires ou post-opératoires. De nombreuses études américaines se sont déjà penchées sur ce sujet. En Suisse, une première recherche dans les établissements de santé, dirigée par le Pr Bernard Burnand (Institut universitaire de médecine sociale et préventive), vient d’être menée.
Les chercheurs ont procédé à un examen rétrospectif de 1.000 dossiers de patients d’un hôpital public de moyenne importance dans le Valais. Ils pointent les déficiences, évitables ou pas, de la qualité des soins. Ces événements indésirables (complications postopératoires, infections nosocomiales, escarres...) ont été scindés: 400 pour des interventions chirurgicales et 600 pour des séjours médicaux, hors psychiatrie et réadaptation. Le constat est interpellant: au moins un élément indésirable est survenu dans 12,3% des hospitalisations. Près de la moitié d’entre eux (6%) auraient pu être évités. Plus instructif, 60% de ces événements n’ont eu aucune ou très peu de conséquences pour le patient, alors que 23% se sont révélés graves. Dans le journal suisse Matin Dimanche, Oliver Peters, directeur adjoint de l’établissement vaudois évoque le chiffre de 1.200 patients morts des suites d’un événement indésirable évitable. «On applique le coefficient de décès de 0,2% que l’on trouve dans les études américaines.»
Et chez nous? Que donnerait une telle enquête? Pour Denis Herbaux, CEO de la PAQS, des chiffres existent provenant de l'ISP ou de l'étude de l'OCDE de mars 2017. «Globalement, le problème est connu. Au vu des chiffres de la Suisse, on se trouve dans les mêmes proportions que chez nous dans des environnements similaires.» Il apprécie surtout la démarche de récolte des données. «L'étude suisse repose sur une excellente méthodologie post-opératoire. Cela permet une évaluation globale mais cela demande pas mal de moyens financiers et humains pour pouvoir retourner dans les données des patients des mois après. Cela reste toutefois l'outil le plus performant.» Le temps est venu de dégager de tels moyens au niveau politique, c’est une question de santé publique et même d'économie budgétaire à terme et c'est parfois plus «écoutable».
Dans cette optique, les Chambres Syndicales de Bruxelles, organisent le 18 novembre à Woluwé un symposium sur "Erreurs médicales et organisation de la médecine - Implications pour la réforme des hôpitaux et les soins ambulatoires"
Le sociologue Christian Morel exposera les métarègles de la fiabilité. Le Docteur Bafort et Maître Thiry dégageront les grands principes d’organisation des soins qu’implique la culture de la fiabilité. Ils aborderont les aspects qualitatifs, juridiques et financiers de la problématique. Des suggestions de réforme seront soumises aux participants. L’objectif du séminaire est de cerner les marges de codécision que les médecins peuvent légitimement revendiquer au nom de la fiabilité des soins à l’hôpital et en ambulatoire. Pour le Dr.Jean Creplet, médecin spécialiste en cardiologie , auteur de « La troisième révolution de la médecine » (2013) et orateur lors du symposium, il faut s'inspirer des compagnies d'aviations et instaurer le "No Blame No Shame" pour pouvoir efficacement combatre les erreurs.
Une grande enquête par mail sera prochainement lancée pour demander l'avis des confrères. Les résultats seront commentés lors du symposium. Pour en savoir plus cliquez ici
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