Reinier Hueting, président sortant de l’ASGB et du Cartel, a eu l’occasion lors de sa dernière Médicomut de voir approuver un dernier projet pour lequel il s’est longtemps battu et qui devrait déboucher sur une amélioration de la qualité des données du DMG. Si l’initiative est un succès, ce sera un levier : les objectifs de santé seront plus facilement réalisables et la qualité pourra être encore accrue par le biais du benchmarking. Pour Paul De Munck, président du GBO, il ne faut « pas lier à la prime aux résultats, mais aux efforts pour obtenir le résultat »

« Lorsqu’une enquête des services d’inspection (SECM) a mis au jour la piètre qualité du DMG, il était évident qu’il fallait prendre des mesures. De nombreuses données essentielles semblaient manquer au dossier. À présent que l’informatisation est beaucoup plus avancée, nous pouvons et devons mieux faire. » explique Reinier Hueting, président sortant de l’ASGB et du Cartel.

Sur le banc médical, l’idée d’une amélioration qualitative du DMG ne pose évidemment problème à personne. Par contre, la stratégie pour réaliser cet objectif devra être élaborée avec doigté, la position dominante étant qu’il convient de privilégier un système didactique plutôt que des sanctions.

Points bonus

Le Dr Hueting voit une piste prometteuse dans un lien avec la prime de télématique, par exemple au travers de l’attribution d’un point aux médecins qui complètent correctement leurs données. « Cela aura indirectement pour effet d’améliorer la qualité des Sumehrs, sans compter que le fait de disposer de paramètres précis concernant le diabète, l’obésité, etc. est un pas dans la bonne direction pour atteindre les objectifs de santé. Les données seront ainsi facilement collectées, comme pour le baromètre covid, ce qui permettra d’organiser des benchmarkings et d’améliorer la qualité. »

Le baromètre covid mis en place par Bert Vaes (KU Leuven) au cours de la crise peut également être une source d’inspiration intéressante. Le système a permis de fournir au décideurs un feedback essentiel et fonctionnait très bien en Flandre. Les données suivaient par contre moins bien du côté francophone, et il est clair que leur utilisation accrue aussi reste un sujet sensible au sud de la frontière linguistique.

Quoi qu’il en soit, la médicomut a marqué son accord pour que la méthode Vaes soit désormais, après le baromètre covid, également appliquée au DMG avec codage obligatoire dans certaines sections du Sumehr, intégration de modules de terminologie et automatisation/standardisation accrue. Les fournisseurs de logiciels devront toutefois être impliqués dans le développement de ces paramètres de qualité. Il faudrait également mettre en place un peer review pour stimuler les collègues à s’encourager mutuellement.

Ce projet doit être soutenu par des formations et par un plan de communication axé sur les médecins de famille, les coupoles hospitalières, les syndicats médicaux, les spécialistes et les patients.Les autorités s’efforcent déjà, par le biais d’une campagne, de sensibiliser les patients à faire tenir un bon dossier de base à leur médecin de famille. Presque en parallèle, le cercle de médecine générale de Gand a lancé (en collaboration avec les services d’urgence) une campagne parmi ses membres intitulée « De Summer of Sumehr ».

Pas lier la prime aux résultats, mais aux efforts pour obtenir le résultat 
Pour Paul De Munck, président du GBO : « Le DMG informatisé est l’outil par excellence à promouvoir en médecine générale. Nous devons encore améliorer la qualité de l’outil et sa convivialité . Les fournisseurs de soft doivent faire un effort à ce niveau pour répondre aux besoins des MG. »
Il rappelle « qu’il peut y avoir une obligation de moyens, mais pas nécessairement de résultats. Si le généraliste, demain, prouve qu’il a bien sensibilisé sa patientèle à une mesure de prévention, par exemple, c’est le critère le plus important. Si sa population adopte ou pas ces mesures, c’est un autre problème qui ne dépend pas que des efforts du MG. Il y a des patients plus compliants que d’autres. C’est pour cela que je trouve qu’il faut faire attention aux primes liées aux résultats. Il faut savoir ce qu’on entend par résultat. Je serai plus favorable à une prime liée aux efforts fournis pour tenter d’obtenir les résultats. Je rappelle que les résultats ne sont pas uniquement imputables au médecin. »
Pour le Shumer, il souligne que les prestataires de soins doivent augmenter individuellement la qualité de ce qu’ils font. « Je pense notamment aux rapports des spécialistes qui connaissent encore des difficultés à être transmis de manière systématique aux médecins généralistes . Si on cherche l’efficience dans les soins de santé, nous avons tout intérêt à avoir un dossier médical informatisé le plus performant possible. Tout doit arriver chez le MG et tout doit repartir du MG. »
Pour lui, il est indispensable que le Suhmer soit le plus accessible possible, le plus alimenté possible par ce qui vient de l’extérieur et ce qui vient du médecin généraliste. « Il faut inciter par des mesures très concrètes au niveau de la prime de pratique les médecins à aller dans cette direction. Il faut aussi apprendre aux jeunes médecins, avant même qu’ils commencent leur pratique, l’intérêt de cette démarche. Ils doivent savoir comment fonctionne un DMI et l’importance de l’outil pour le patient, le MG et en santé publique. »

Taux de vaccination

Marc Moens (ABSyM) est lui aussi convaincu des bénéfices que pourrait induire une amélioration de la qualité des données pour la prise en charge du diabète ou de l’obésité, par exemple. Elle permettrait toutefois aussi d’optimiser le taux de vaccination chez les patients adultes, d’ouvrir de nouvelles portes pour mieux répondre aux besoins psychologiques ou psychiatriques ou encore d’améliorer la planification anticipée des soins.

La médicomut vient de donner le coup d’envoi en décidant d’organiser une concertation avec les producteurs de logiciels et de consulter le Pr Bert Vaes – qui aurait, d’après les informations dont nous disposons, d’ores et déjà réagi avec enthousiasme.

En ce qui concerne les incitants, la médicomut s’attache actuellement à examiner comment les critères peuvent être adaptés pour la prime de pratique intégrée 2022