DMG et sumehr obligatoires: l’ABSyM scandalisée

C’est un Marc Moens en verve, ayant saisi une plume au picrate, qui réagit au récent avis de l’Ordre sur la disponibilité permanente des données de santé. «Incompréhensible. Injustifié. Gratuit. Hors de toutes proportions (…) Issu d’une concertation avec qui?», entame le président absymiste. Pour son syndicat, le DMG obligé va beaucoup trop loin. Et la contrainte pour les MG de tenir à jour un sumehr est déconnectée de toutes les inquiétudes juridiques du terrain. 

«Nos membres sont indignés, fâchés et choqués par [cette] proposition non sollicitée», indique Marc Moens. L’ABSyM, historiquement partisane d’un accès non échelonné à tout médecin, s’interroge sur le côté EBM d’une assertion qu’elle y lit: «le libre choix des prestataires de soins mène à une mauvaise qualité». Si son syndicat encourage l’utilisation active du DMG, l’imposer à tous va trop loin. Par ailleurs, en voulant contraindre légalement les généralistes à la tenue d’un sumehr par patient, «l’Ordre ne fait pas du tout face aux nombreuses questions restées sans réponse qui apparaissent sur le terrain», poursuit le Dr Moens. «Qui est responsable en cas de non-consultation d’un sumehr existant? Quelles sont, du point de vue juridique, les conséquences de la non-actualisation des données? Qu’en est-il des erreurs, oublis ou encore du non-signalement d’une exception thérapeutique? Silence total de la part de l’Ordre de ce côté-là mais grand ramdam quand il s’agit de contraindre par voie légale tous les citoyens à une ‘relation thérapeutique’. Comment une relation thérapeutique peut-elle exister sous la contrainte?»

Marc Moens s’alarme encore, si on suit le raisonnement de l’Ordre, de dérives en matière de respect du secret professionnel et/ou de la loi sur la vie privée, avec négation de la possibilité du patient de s’opposer au partage de ses données médicales. Il se demande si le patient reste bien central dans la dynamique envisagée. Selon lui, «pas du tout, Big Brother devient central. Baladé par quelques petits mots doux par-ci par-là, le patient se voit dépossédé de son consentement et de l’autonomie si durement acquise.» Le syndicaliste prédit aussi que les hackers doivent saliver à la perspective des red flags [l’Ordre suggère un repérage des patients pouvant constituer une menace, ndlr], «des petites loupiotes rouges» s’allumant «en cas de patients dangereux ou contagieux» dans 11,25 millions de sumehrs, ironise-t-il.

Nous vous laissons découvrir le communiqué dans son intégralité, qui évoque encore d’autres formules privilégiées par l’ABSyM pour protéger les confrères face aux patients menaçants. Sa chute est assassine, en distanciation ouverte par rapport à «cet Ordre-là»: «nous sommes légalement tenus de payer une cotisation à l’Ordre, mais pas de suivre ses avis. Ça, notre consœur Maggie De Block, l’a bien compris.» 

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