En province du Luxembourg, on sait se montrer patient, mais point trop n’en faut. Au sein de l’asbl faîtière PMG-LD (avec D pour Dinant), trois des quatre cercles aspirent à une ouverture des postes en soirées et nuits de semaine. Mais le financement de l’extension, évoqué depuis quelques accords médico-mut, est embourbé - même si «on relance parfois un os» aux MG, estime Christian Guyot, président de l’asbl.
Il y a quasi deux ans que l’extension du fonctionnement des PMG à la semaine fait partie des revendications déclarées en province de Luxembourg et à Dinant, relate le MG. Après «avoir été relativement ignoré en 2016», le dossier connaît un développement en janvier 2017: le modèle proposé par les cercles locaux pourrait devenir un projet pilote mais pour cela, on demande aux médecins une petite étude de trois semaines cernant le volume de travail nocturne local, en semaine, qui justifierait l’ouverture des PMG.
«Les résultats comportent des extrêmes – des nuits sans un seul appel et une autre où on en a géré 24 ! –, mais confortent notre vision. On pensait pouvoir diminuer le nombre de PMG ouverts, mais finalement, tous les cinq (cf. infra) semblent bienvenus pour absorber le travail», indique le Dr Guyot. «Nous remettons les conclusions de l’étude en juin, puis… plus rien. Silence radio. Pas de réaction. On essaie de faire inscrire le point en task force, en vain.»
De guerre lasse, les cercles impliqués décident fin octobre d’écrire à Maggie De Block. Ils espèrent une réaction d’ici leur CA de la Saint-Nicolas. Dans la foulée, l’asbl sensibilise à sa cause des politiques francophones, «toujours de la majorité» – autrement dit des élus MR. Qui bougent et reviennent avec des échos encourageants. «La ministre ne serait pas défavorable, pas opposée, à l’extension des financements à la semaine mais souhaiterait que les Wallons se mettent d’accord autour d’un système harmonisé. Or, il n’existe pas de projet global pour la Wallonie. Certaines zones, ne vivant pas la même situation critique que nous, ne demandent rien. Au sein de notre asbl déjà, c’est le cas de l’AMGSL, le cercle du Sud-Luxembourg; notre modèle ne concerne donc que cinq de nos sept postes.»
Le drame, c’est d’oublier les vrais problèmes
Pour le Dr Guyot, avec cette condition de projet global wallon, Maggie De Block les coince. «Comme quand elle dit souhaiter une ‘harmonisation des 1733 avant d’avancer’. Ou comme quand on ne parle plus de la réforme des honoraires de disponibilité, qui devait servir à la garde de semaine. Si on n’en parle plus, alors forcément, de la suite non plus…»
Christian Guyot rapporte qu’au dernier GT garde de la médico-mut, en décembre, les MG se sont vus réclamer une nouvelle étude du travail nocturne de semaine, mais à mener cette fois pendant trois mois et sur toute la Wallonie. «Donc: y compris dans des zones non demandeuses, qui n’ont pas de personnel à y affecter ou qui ne fonctionnent pas avec le 1733», déplore notre interlocuteur. «Bref, la suite du processus est soumis à un prérequis non réaliste.»
Ce qui est dramatique, dit-il, c’est que durant ces manœuvres dilatoires, «on en oublie les vrais problèmes sur le terrain, le manque d’actifs en garde – il n’y a plus que 2 MG qui y participent pour Bouillon – et les fréquences intenables…» On en oublie que des jeunes MG venus renforcer les effectifs locaux sur la promesse de postes bientôt ouverts la semaine commencent à avoir une vilaine impression de chat dans un sac… «C’est une question de santé publique, d’avoir une médecine de proximité partout. Mais qui va aller s’installer à Bouillon dans ces conditions?»
Un article plus détaillé sur le sujet, évoquant la possible «mise au rouge» de zones faute d’actifs, est programmé dans la prochaine édition de Medi-Sphere.