Ce lundi, lors de la discussion au parlement de la déclaration gouvernementale et du budget de l’équipe Michel, l’ancienne ministre de la Santé Laurette Onkelinx, cheffe de groupe PS, a dénoncé le fait que «la moitié de l’effort pèse sur la sécu dont 900 millions sur les soins de santé». Elle prévient de l’effet possible de l’indexation rabotée des honoraires médicaux sur l’accès aux soins: «des accords tarifaires bénéfiques pour les patients pourraient être dénoncés».
Laurette Onkelinx accuse Charles Michel de claironner que les soins de santé sont «un bien précieux», tout en faisant peser sur le système «des choix budgétaires inconsidérés. (…) Je le disais déjà: plus de 900 millions d’économies en 2017. 675 millions arrêtés avant le conclave budgétaire, dont plus de 400 sans connaître les mesures. Puis 227 millions d'efforts supplémentaires demandés aujourd'hui. On parle donc d’une contribution du secteur des soins de santé à l’assainissement budgétaire de votre gouvernement de 3,6 milliards à l’horizon 2019. Et alors que les moyens n’ont augmenté que de 1% en 2016, la croissance sera proche de 0 en 2017.»
La leader socialiste embraie avec ce qu’elle considère comme autant de décisions bafouant la promesse initiale de ne pas toucher au patient: l’augmentation de tickets modérateurs chez certains MS («chez un ophtalmologue ou un gynécologue, la part payée par le patient était de 8,23 euros en 2014, elle est maintenant passée à 12 euros») ou encore la réduction de la durée de séjour en maternité «sans dégager les moyens nécessaires pour permettre le développement des soins postnatals». Elle y ajoute un point sur lequel les MG ne suivront pas forcément son raisonnement: «vous avez reporté l'application du tiers-payant obligatoire pour les bénéficiaires de l’intervention majorée et vous avez refusé de l’étendre aux patients chroniques».
Alors que la note à la pharmacie pèse déjà lourd…
Laurette Onkelinx ironise encore sur les revirements de Maggie De Block dans ses engagements. «La ministre de la Santé nous dit: ça ne fera pas mal. Je vais faire cela au scalpel. 900 millions au scalpel!» La cheffe de groupe s’arrête e.a. sur les options prises en matière d’antibiotiques. Ce n’est pas «une ‘petite mesure’ puisque les prix pour le patient feront plus que doubler à la pharmacie: pour une boite de 11,5 euros, le patient paiera 5,6 au lieu de 2,5 euros», affirme-t-elle. Et ce n’est pas non plus une mesure ‘de santé publique’. L’ex-ministre ne nie pas la surconsommation de la Belgique, mais ce n’est pas «en faisant payer le patient qu'on va inciter les médecins à prescrire moins d'antibiotiques». Le patient, selon elle, prendra l’antibiotique qui lui a été prescrit mais [la mesure] «fera augmenter sa facture annuelle à la pharmacie de 4%. Et ce, alors que les médicaments constituent déjà le premier poste de dépenses dans le budget santé des ménages belges et aussi le poste de dépenses le plus fréquemment reporté pour des raisons financières.»
Laurette Onkelinx commente aussi le saut partiel d’index. «Vous savez ce qui se passera. Certains accords tarifaires bénéfiques pour les patients pourraient être dénoncés et il sera d’autant plus difficile d’en conclure de nouveaux. Les tarifs seront libres et donc plus chers. Cela évidemment au détriment de l’accessibilité des soins aux patients…»