Le GBO déplore que «l’hospitalo-centrisme ressorte renforcé» des recommandations du rapport KCE sur les services d’urgences (SU). Il en juge les conclusions «simplistes» et «prématurées». La priorité reste, selon lui, l’avènement d’un 1733 généralisé, qui émonde la fréquentation spontanée des SU, et la poursuite d’un déploiement des PMG respectueux des particularités locales.
Rétroactes. Le KCE a publié fin mars un rapport dans lequel il prône la cohabitation, sur les sites hospitaliers pourvus d’urgences, de «services de soins aigus non planifiés». Ils abriteraient derrière une même porte d’une part des urgentistes et de l’autre des MG officiant dans une «permanence». Celle-ci serait en somme un dérivé des PMG, transplantés dans l’hôpital, mais fonctionnerait 24h/24 et 7j/7. Les arrivants seraient triés et aiguillés vers le service ad hoc.
Nous avons déjà évoqué la réfutation immédiate du Cartel (GBO/MoDeS/ASGB) qui, au conseil d’administration du KCE, n’a pas approuvé le rapport et émis une «note de minorité» inventoriant ses griefs (Medi-Sphere 512). Depuis lors, le syndicat MG a continué à exprimer ses objections à des conclusions qu’il dit «simplistes» et à une proposition «inacceptable».
Le GBO repart des principes fondateurs des PMG, fruits de «l’énergie et de la créativité» du terrain: s’assurer que les patients, qui font spontanément appel à la médecine générale, soient pris en charge de manière adéquate et secure durant les 61 heures de week-end, voire les nuits de semaine, et ce alors que le nombre de MG actifs ne cesse de se réduire. Les postes n’ont pas été créés, insiste-t-il, pour «résoudre le problème du mauvais usage des urgences».
Dans le modèle KCE, une permanence de journée la semaine se rajoute aux plages horaires traditionnelles de garde. «Personne au KCE ne semble s’être posé la question de savoir comment combiner cette permanence avec une pratique complète de médecine générale», regrette le GBO. Qui s’inquiète en sus de l’éventuelle duplication des permanences en milieu urbain: «doit-on prévoir cette permanence (…) dans chaque hôpital, en ce compris s’il y a plusieurs hôpitaux dans une même ville?»
«Une grande partie de l’usage inapproprié des services d’urgence a été développée par l’hôpital lui-même», argumente encore le syndicat MG. Pour décrocher un rendez-vous semi-urgent chez un spécialiste, la patientèle s’entend parfois conseiller de «passer via les urgences». «Dès lors, il n’est pas étonnant que, chez une partie de la population, existe cette fausse impression (souvent renforcée par toutes sortes de journées ‘portes ouvertes’) que l’on est mieux pris en charge dans un hôpital, grâce aussi entre autres aux examens techniques.»
Un 1733 vraiment en amont
Le GBO redit toute son impatience de voir se mettre en place partout dans le pays «un triage téléphonique efficace de tous les patients présentant un besoin de soins non programmables», via le numéro d’appel unique 1733 et «à partir de protocoles validés par des professionnels». Cette mise en place «se fait attendre depuis déjà trop longtemps» et les multiples raisons qu’il a entendu invoquer lui semblent «difficilement compréhensibles».
En conclusion, aussi longtemps que le 1733 ne fonctionnera pas partout et qu’aucune analyse fine des avantages et inconvénients des variantes multiples de PMG qui existent déjà en Belgique (près ou loin d’un hôpital, avec ou sans 1733, en ville ou à la campagne…) n’aura été menée, le GBO trouve prématuré «de recommander une solution scientifiquement fondée comme le fait le rapport du KCE».
Dans l’intervalle, les priorités sur lesquelles avancer restent à ses yeux qu’il y ait «un MG attitré pour chaque habitant», la poursuite du développement des PMG «en prenant en considération les particularités locales» et la limitation de l’accès spontané aux SU. Selon lui, en dehors de l’urgence réelle évidente (accident de la route, problème cardiaque, brûlures, accidents domestiques, pertes de connaissance…), il ne devrait pas y avoir d’accès direct possible aux urgences sans passer par le 1733 ou être en possession d’une lettre de référencement du médecin.
A cette protestation rapide du Cartel, s’est ajoutée l’opposition de l’ABSyM, qui enjoint les autorités à informer et éduquer la population sur le recours aux urgences.