A sa dernière assemblée générale, l’Union des MG du Borinage (UMGB) a apporté un soutien massif à l’idée de mettre un terme à la garde de médecine générale à partir de 22h (et jusqu’au lendemain 8h). Ce qui motive la motion? La bien connue raréfaction des actifs en garde – et ses conséquences sur ceux qui restent – et des menaces pesant sur des mécanismes de financement actuels de l’activité.
Il n’y a pas bien longtemps que l’on a parlé de l’UMGB, dont une partie des membres ont adhéré à titre individuel à un mot d’ordre de grève des gardes «préventif». Les signataires voulaient signifier leur opposition à l’idée de se voir imposer le moule unique du «PMG fondu dans l’hôpital», menace qui s’éloigne selon les négociateurs présents à la task force du cabinet De Block (Medi-Sphere n°515).
Cette fois, on parle d’un vote qui est intervenu officiellement au sein du cercle borain, lors de l’AG du 20 avril, et qui formalise une prise de position quant à l’organisation future des soins à la population. «A l’unanimité moins une voix, les membres de l’UMGB aspirent à la fin de l’obligation de garde MG de 22 à 8h», indique le Dr David Simon, MG à Colfontaine, porte-parole du cercle sur ce dossier. La seule voix discordante est celle d’un confrère qui souhaite qu’il y ait absolument un généraliste mobilisable, en son absence, pour prendre la relève auprès de patients palliatifs.
Qu’est-ce qui a déclenché cette prise de position massive? La moyenne d’âge progressant parmi les médecins locaux, comme partout ailleurs, le nombre d’actifs en garde se réduit fortement. «Les chiffres sont en chute libre. Nous ne serons plus que 54 d’ici 2020, 42 d’ici 2025 pour l’assumer, contre 69 actuellement. Cela rend difficile d’organiser la garde; en soirée passe encore, mais certainement en nuit profonde. Plage horaire à propos de laquelle règne d’ailleurs l’impression que le stand-by d’un MG pour un ou deux appels n’a pas énormément de sens.»
Le Borinage s’est actuellement doté d’un système de garde «en lignes», avec des MG «réservistes» mobilisables si le «titulaire» est débordé, et faisant appel pour la fonction à des gardistes extérieurs. «Etant donné le rabotage drastique des honoraires de disponibilité voulu par la ministre De Block ainsi que l’interdiction de rétrocéder ceux-ci entre la seconde ligne de garde et la première», les MG borains s’inquiètent pour la pérennité de leur dispositif, développe le Dr Simon, «sauf à le financer de leurs propres deniers» – solution qu’un peu partout la profession dénonce comme anormale, eu égard à la dimension service (au) public de la garde population. «On va vers une impossibilité si on nous oblige à continuer à être de garde la nuit sans nous donner les moyens de faire fonctionner un système alternatif.» D’où le vote massif de cette motion de soutien à la fin de la garde MG en nuit profonde.