Les MG estomaqués par la sortie de l’Académie belge de pédiatrie

L’Académie belge de pédiatrie a diffusé une « note de vision ». Si le propos est de défendre une médecine de qualité pour les enfants et d’alerter de l’impact du remodelage du paysage hospitalier en 25 réseaux, les pédiatres y évoquent également leur rôle en 1ère ligne, donc la cohabitation avec la médecine générale. Qu’ils égratignent les aptitudes du MG à soigner les enfants n’est pas passé inaperçu…

L’Académie de pédiatrie prône la conservation pour les parents du libre choix du médecin qui suivra leur enfant en 1ère ligne, le pédiatre y intervenant « sans distinction de la gravité de la pathologie ». Et « si un médecin généraliste veut prendre une place dans la 1ère ligne, cela suppose qu’il ait acquis des compétences pédiatriques suffisantes, par une formation adéquate comportant un minimum d’une année dans un service de pédiatrie sur ses 3 ans de formation en médecine générale, de façon à garantir la qualité des soins tant en médecine préventive que curative pour les enfants », complète-t-elle. Plus loin, la note estime que, pour réaliser ses missions de façon efficace, « le pédiatre doit pouvoir créer et élaborer un DMG ».

Cette sortie inattendue n’a pas manqué de faire réagir des représentants de la médecine générale. Tous défendent la compétence du médecin de famille à s’occuper des petits patients.

Michaël Bernier, pour les MG de l’ABSyM, trouve « dédaigneuse » l’opinion des pédiatres sur la formation de ses confrères. Il pensait, dit-il, que ce dénigrement, cette déconsidération, étaient « d’un autre temps ». Pour lui, l’ouverture et la gestion du DMG restent la prérogative du MG. « Si les pédiatres revendiquent ce ‘droit’, qu’ils assument les gardes, les visites à domicile, aux mêmes conditions que les MG. »

Pour Paul de Munck, du GBO, cette vision, médiatisée sans la moindre concertation préalable avec les MG, est « une déclaration de guerre (…) en termes intellectuels, à propos de l’organisation du système de soins ». Plutôt que d’y opposer une réponse émotionnelle, il compte suggérer au Collège de médecine générale de préparer un avis, étayé par des arguments scientifiques, et de proposer aux pédiatres d’en discuter à la rentrée.

Pour le Pr Didier Giet, responsable du département de médecine générale de l’ULg, « cette note reflète un manque total de connaissance de ce que font les MG au quotidien ». Il regrette que les pédiatres se focalisent sur leur propre discipline. Lors de l’assistanat, « il faudrait bientôt si on suit le même raisonnement un an de gériatrie, un an de gynécologie, un an de médecine interne, etc. ». 

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Retrouvez ces commentaires dans l’édition papier du Medi-Sphère n° 559, pages 1 à 3
A lire également dans ce même numéro, toujours à propos des soins aux plus jeunes : en page 4, les réactions au projet de la députée flamande Karin Jiroflée d’imposer le TP en médecine générale pour les patients de moins de 18 ans, avec suppression de la perception de ticket modérateur

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