La fonction de maître de stage doit-elle être interdite aux médecins qui pratiquent une médecine douce ?

Tous les dossiers de reconnaissance de maître de stage où le demandeur a déclaré faire de la médecine douce sont actuellement bloqués, dans l’attente d’un avis juridique du cabinet De Block. Faut-il les bannir du système ? Des discussions se font jour au sein du Conseil supérieur des médecins spécialistes et généralistes.

Il arrive que des MG désireux d’accueillir un assistant pratiquent accessoirement, en marge de la médecine omnipraticienne classique, l’une ou l’autre forme de médecine non conventionnelle, ce qu’ils déclarent quand ils demandent à être adoubé maître de stage. Est-ce une raison suffisante pour les écarter de la fonction? Faut-il, comme on l’entend sur le banc des spécialistes et dans le milieu académique, d’office éviter qu’ils n’entrent en contact avec des futurs confrères car ils risquent de pervertir l’ensemble de leurs pensées?

Le questionnement qui précède est rapporté à Medi-Sphere par le co-président du groupe de travail MG du Conseil supérieur des médecins spécialistes et généralistes, Hubert Jamart. Il est entendu que c’est à la médecine générale que des candidats MG doivent être exposés durant leur stage, et suffisamment. «Si le confrère qui les accueille se partage, chaque semaine, entre 20 heures de médecine allopathique et 20 heures d’acupuncture, on peut en douter…» Mais si le non-conventionnel ne représente qu’une petite partie de son activité, la candidature doit être prise en considération, aux yeux du Dr Jamart. «Prenez un généraliste qui fait 50h/semaine. Il en consacre 5 à de l’homéopathie ou à un peu d’ostéopathie ou de mésothérapie, parce qu’il y a une demande dans sa patientèle. Pendant les 45 autres heures, il est dans la médecine classique. Je ne pense pas qu’il va ‘contaminer’ son assistant, qui n’est déjà là que 38 heures», avec des croyances irrationnelles.

Convoquer pour mieux apprécier

Or, tous les dossiers de reconnaissance de maître de stage où le demandeur a déclaré: ‘je fais un peu de médecine douce’ sont actuellement bloqués, dans l’attente d’un avis juridique du cabinet De Block, relate notre interlocuteur.

«Personnellement je plaide pour une solution pragmatique: je propose qu’on convoque les confrères concernés pour qu’ils décrivent comment est organisée leur pratique, ce qu’ils y font exactement et dans quelle proportion. Ça reste subjectif, c’est vrai, mais ça permettra déjà de repérer ceux qui croient mordicus à l’efficacité des techniques alternatives qu’ils appliquent.» Comprenez: et dans ce cas, méfiance…

Dans ce débat, les spécialistes et les universitaires auront tendance à distribuer l’étiquette de charlatan à tout le monde, pronostique encore le Dr Jamart. Lui-même trouve qu’«il faut savoir faire preuve d’un peu de souplesse» si le non-conventionnel reste dans des proportions fort restreintes.

Le risque, si on cherche (trop) noise aux candidats maîtres de stage qui jouent franc jeu en déclarant la facette non allopathique de leur activité, c’est «d’avoir des dossiers défensifs, où tout ne sera pas dit. Ce qui va nécessiter davantage de contrôles. Pour moi, on n’aura rien résolu.»

Lire aussi :

Les Belges francophones en faveur du remboursement des médecines douces

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Derniers commentaires

  • Jean LANSMANNE

    30 mars 2018

    Le lecteur attaché à notre profession dite libérale ne peut que rester atterré à la lecture de l'article de Medisphere de ce 29 mars 2018.
    Quand donc nos instances officielles prendront-elles conscience des deux évidences suivantes:
    -notre médecine allopathique répond à une approche palliative qui vise à la suppression ou à l'atténuation d'un symptôme. Pour le mieux être du patient certes, mais en le soignant sans le guérir. Un patient dont le confort dépend d'une médication à vie ne peut pas être qualifié de guéri.
    -la maîtrise de la médecine allopathique est le préalable indispensable à la pratique d'une médecine alternative. Tout praticien alternatif doit être conscient que l'allopathie reste incontournable dans un bon nombre de cas. Et il doit faire le nécessaire pour en conserver les compétences.

    Cette conscience le garanti de toute dérive et devrait lui épargner la lecture des termes retrouvés ici.
    « Contaminer », « croyances irrationnelles » et « convocations » sont des mots qui font peur: c'est tout juste si l'homéopathe, l'acupuncteur et l'osteopathe ne voient pas poindre la menace d'un bûcher moyennageux !
    Après des années d'université, des années de formation à une compétence complémentaire et quelques dizaines d'années au service des patients... c'est dur-dur....

    Dr Jean Lansmanne
    Président de la Société Royale Belge d’homéopathie

  • Cécile DEJARDIN

    30 mars 2018

    Enfin, merci d'en parler. Je fais partie des ces médecins "non-reçu/collé" dont le dossier est bloqué depuis 1 an pcq je pratique l'acupuncture à raison d'une dizaine d'h par semaine contre 50 heures de MG...
    L'acupuncture est un traitement qui nécessite un diagnostic qui nécessite une anamnèse fouillée qui nécessite de faire la part des informations avec un esprit critique médical.
    Le SPF qui représente le cabinet préfère sans doute que les patients soient orientés vers des praticiens non-médecins...Quand les services physio ou gynéco (surtout F.I.V.) m'adresseront un ou une patiente...je l'enverrai vers le kinés du coin qui fait un peu d'acupuncture...!!!
    En attendant, l'assistante qui devait me rejoindre en octobre...cherche un autre maître de stage...
    Dr Cécile D.