Fin février, un samedi, par nuit noire, le MG de service au poste de garde de Namur a reçu des coups de poing au visage de la part d’un patient qui présentait des perturbations psychologiques. Le cercle local, le Rassemblement des généralistes du Namurois (RGN), exhorte les autorités compétentes à une sécurisation de la garde. Son conseil d’administration se réserve le droit de «suspendre la garde de nuit au prochain incident».
Namur a voté, depuis octobre 2014, une réforme «all in» de sa garde (lire Medi-Sphere n°453). La réorganisation combine, autour d’un poste existant, le filtrage par le 1733, un taxi social permanent, un chauffeur/accompagnateur pour les visites et une extension de tout ce système aux soirées et nuits de semaine (financée à ce jour par les MG - cf. infra).
En dépit des efforts consentis pour accroître les conditions de sécurité (e.a. via la présence du chauffeur), un regrettable accident s’est produit dans la nuit du vendredi 27 au samedi 28 février. Un patient qui s’était rendu au poste (après appel préalable au 1733) s’est montré de plus en plus énervé et agressif. Vers 2h du matin, il a porté des coups de poing au médecin de garde et à son chauffeur-ambulancier. La police a rapidement procédé à l’interpellation de l’agresseur, pour 12 heures. Les blessures encourues par le MG, touché au visage, se sont soldées par une incapacité de travail d’une semaine.
La responsabilité de l’Etat? «On n’y est pas»
Le conseil d’administration du RGN, qui souhaite au malheureux un prompt rétablissement, a depuis lors mis en place un protocole pour renforcer la protection des MG de garde. La police locale a accepté d’escorter ceux-ci en déplacement dans les zones considérées comme dangereuses. Au poste, il est plus difficile d’anticiper le risque. Une consultation peut soudainement dégénérer. «L’idée est en tout cas que les MG ne doivent pas gérer les cas psychiatriques», indique Pierre Doumont, le président du cercle. Dans le cas qui nous occupe, le patient avait d’abord appelé le 1733, pour des problèmes d’ordre psychologique. «Il demandait, lui-même, à être pris en charge à l’hôpital en psychiatrie.» On peut donc se poser des questions sur le bien-fondé de son renvoi, par le 1733, un samedi en nuit profonde, vers la médecine générale. Du reste, fait remarquer le Dr Doumont, «la Belgique n’en est pas encore à une régulation téléphonique contraignante sous la responsabilité de l’Etat, même là où existe le 1733. Avant qu’il y ait ce basculement, Maggie De Block a réclamé une uniformisation des protocoles utilisés sur tout le territoire. Dans l’intervalle, ce sont les administrateurs des cercles qui demeurent responsables en cas de pépin. Les postes sont également supposés, à la demande de la ministre, travailler de mars à septembre sur une convention avec les services d’urgence locaux qui clarifie qui prend quoi en charge.»
Le RGN exhorte par ailleurs les pouvoirs publics à une sécurisation de la garde population par un financement des prestations en semaine. Il faut, estime le cercle, permettre l'ouverture en semaine aussi d’un PMG sécurisé et l'engagement de personnel accompagnant le MG. Il est à noter que c’est grâce à une cotisation spéciale versée par ses 140 membres que le RGN peut mettre à la disposition de ceux-ci un chauffeur et un secrétariat également les nuits de semaine. «Au prochain incident, nous nous réservons le droit de suspendre la garde de nuit», prévient le conseil d’administration.