Dans un contexte budgétaire complexe, où l'espoir de marges budgétaires supplémentaires pour les soins de santé semble limité, l’avenir de la médecine visant à améliorer la santé des patients repose sur des choix clairs en matière de prévention et de promotion de la santé.
Lors du récent Congrès de médecine générale du CMG à Namur, cette problématique a été notamment abordée par le Dr Benjamin Michel, médecin généraliste en maison médicale et membre de Promo Santé & Médecine Générale asbl (PSMG), une association issue du partenariat entre la Société Scientifique de Médecine Générale et la Fédération des Maisons Médicales.
Selon lui, « les médecins généralistes sont des acteurs et actrices essentiel(le)s en promotion de la santé et en prévention. Ils ont un rôle de premier plan à jouer. Au sein de l’asbl, nous développons trois axes stratégiques à destination des généralistes en exercice et en formation professionnelle : renforcer les connaissances et les compétences des médecins généralistes, améliorer l’organisation du travail et le bien-être de la profession, promouvoir les approches qui favorisent l’empowerment des patients... avec une attention particulière aux publics précarisés et/ou discriminés. »
Il rappelle également qu’à la Wonca (Wonca Europe, Policy Statement on Prevention and Health Promotion in Primary Care, 2010), la démarche de prévention avait été définie : « Elle repose sur une alliance entre patient et médecin, qui fait preuve d’empathie et utilise des techniques d’entretien favorisant le dialogue. L’objectif n’est pas que la patiente suive aveuglément les conseils du médecin, mais qu’elle fasse ses propres choix, en toute connaissance de cause, et qu’elle soit accompagnée dans ce processus par le médecin. »
Améliorer le cursus des médecins
Sur le terrain, le Dr Michel constate que « dans un cursus de médecine générale, il y a un manque de crédits pour aborder la question de la promotion de la santé. » Les autorités politiques et sanitaires n’encouragent pas suffisamment cette approche : « Le New Deal a été une occasion de réfléchir au rôle de la médecine générale. Si la prévention a été évoquée dans cette réflexion, les termes de promotion de la santé et d’inégalités sociales de santé sont absents. »
Un manque d’outils
Pour pallier cette réalité, l’asbl PSMG s’efforce d’expliquer les concepts de promotion de la santé aux généralistes : « 80 % des assistants médecins en formation trouvent nos formations utiles. Nous constatons que les étudiants en médecine ont une réflexion très technique et se concentrent moins sur leur rôle global en termes de santé publique. Cela est sans doute dû à la formation universitaire actuelle. De leur côté, les médecins confirmés demandent des outils pratiques pour appliquer ces concepts sur le terrain. Ils souhaitent disposer de sources scientifiques probantes, d’exemples de cas cliniques, de jeux de rôle interactifs et d’intégration dans leur pratique quotidienne. »
En toile de fond, le Dr Michel soulève une question essentielle : « Quelle médecine je veux pratiquer ? » Une réflexion qui prend tout son sens dans l’approche de la promotion de la santé.
Cette réalité peut ensuite être appliquée sur le terrain, comme en témoigne le Dr André Crismer, généraliste, qui a mené une « Étude de la population de la maison médicale Bautista Van Schowen à Seraing ». Il explique : « Il est important pour l’équipe d’un centre de santé intégré de bien connaître la population des quartiers où il est implanté (sa zone de “recrutement”, si elle est délimitée géographiquement) et celle qui fréquente effectivement le centre. Le financement au forfait, qui permet d’identifier clairement les patients inscrits, est un bel outil pour atteindre cet objectif. »
Pour lui, il est essentiel de « définir les besoins spécifiques des quartiers pour travailler avec nos patients (santé communautaire, éducation permanente, mobilisation, prévention...) et les associations locales. »