Quatre petits Bruxellois sur 10 naissent dans la pauvreté

A Bruxelles, plus de quatre enfants sur dix (43%) naissent dans une famille vivant sous le seuil de pauvreté (revenus en dessous de 867 euros par mois si le parent est seul), selon une étude de l'école de santé publique de l'ULB, soutenue par la Fondation Roi Baudouin. Une situation qui a un impact sur la santé de ces nouveaux-nés et qui est liée à certains facteurs de risque, comme la monoparentalité ou l'origine migratoire des mères.

Des calculs ont été effectués dans le cadre de cette recherche, à partir des données disponibles (poids du bébé lors de l'accouchement et taux de mortalité périnatale) pour l'ensemble des naissances recensées à Bruxelles entre 2004 et 2010.

Sur cette période, 75% des mères qui ont donné la vie dans la capitale sont issues de l'immigration, dont 38,8% ont une autre nationalité et 36,2% une autre origine.

Les chiffres varient d'une nationalité à l'autre: 70% des petits Bruxellois dont la mère est originaire d'Afrique subsaharienne naissent sous le seuil de pauvreté. C'est la communauté la plus "à risque", avant les petits Maghrébins (65%), les enfants dont la mère vient d'Europe de l'Est (61%) ou de Turquie (60%). Le taux de pauvreté des petits Bruxellois d'origine belge est lui comparable à la moyenne nationale: 18,3%.

Si les enfants de mères immigrées ont un risque plus élevé de décéder entre la 22e semaine de grossesse et le 7e jour de vie que les bébés belgo-bruxellois, ils ont en revanche moins de risques (à autres conditions égales) d'afficher un poids faible, révélateur de conditions défavorables au développement.

Les auteurs de la recherche avancent plusieurs hypothèses pour expliquer ce constat: des habitudes de vie telles que l'alimentation ou le tabagisme pendant la grossesse, qui pourraient être moins bonnes dans certaines communautés, ou d'autres facteurs culturels, tels que le rôle de l'entourage familial, qui peuvent réduire la charge de travail, le stress et l'anxiété.

La proportion de nouveaux parents en situation sociale précaire est plus élevée en Région bruxelloise qu'en Wallonie ou en Flandre, ressort-il par ailleurs de cette étude. Cependant, si l'on compare entre elles les cinq plus grandes villes de Belgique, les indicateurs les moins favorables se rencontrent à Charleroi et à Liège.

Autre chiffre marquant: un nourrisson bruxellois sur six naît dans une famille monoparentale, un facteur qui augmente très nettement le risque de pauvreté: 72% de ces ménages vivent en effet sous le seuil de pauvreté et près de la moitié des mères isolées sont inactives.

Pour la Fédération Roi Baudouin, il est dès lors essentiel d'augmenter les revenus des familles avec enfants, y compris pendant la grossesse. Ce qui peut se faire via l'amélioration de l'accès à l'emploi (de qualité) des adultes non européens.

Les politiques familiales et de lutte contre la pauvreté doivent être mieux articulées et gagner en cohérence, argue-t-elle. Cela passe par un investissement massif dans les services à la petite enfance.

La pauvreté étant le principal facteur qui explique la grande vulnérabilité de certains groupes face aux issues défavorables de la grossesse, l'attention doit donc se porter en priorité sur les conditions socioéconomiques des mères plutôt que de vouloir privilégier une approche ciblant l'origine ethnique, conclut la Fédération.

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