Lieven Annemans, professeur d’économie de la santé à l’université de Gand, assurait la partie studieuse de la célébration des 50 ans de la SSMG, samedi soir. Au micro, il a préconisé, pour stabiliser le système de santé, une inscription de tous les Belges auprès d’une pratique de 1ère ligne. Il pousse aussi le travail en réseau, avec un MG qui coordonne le volet médical. Et est payé différemment, pas juste à l’acte.
Devant une salle bien remplie, le Pr Annemans a énuméré ce qui assombrit l’avenir du système de santé, depuis le coût explosif des nouvelles techniques médicales jusqu’à la fragmentation des soins en silos, en passant par les surconsommations et la pression démographique. Mais il dit rester optimiste. Il propose de travailler sur l’efficacité, l’accessibilité et la résilience, et cite quelques outils clefs. A commencer par maintenir le taux de croissance du budget santé au-dessus des 2%. Et évaluer de façon permanente l’offre en soins sous l’angle du rapport coût-efficacité.
L’économiste prône en outre de travailler davantage en réseau. «Il faut renforcer les soins primaires, en spécifiant mieux les rôles de chaque acteur.» Y évoluerait une médecine générale forte, qui sait tout du patient et tient son dossier - que les spécialistes alimentent en infos utiles. «Cela engendre moins d’hospitalisations, de réadmissions, de chirurgie évitable… et renforce la prévention.» Mais le DMG, observe-t-il, ne concerne encore que 60-65% des citoyens. «Selon moi, ça devrait être une obligation que chacun soit inscrit auprès d’une pratique de 1ère ligne.» Il voit le MG comme le responsable de la coordination du médical, laissant à d’autres la coordination plus sociale (par ex. les aides à la personne).
Tout ceci doit aller de pair avec une révision de la rétribution des MG, poursuit Lieven Annemans. Lui suggère le «modèle cappuccino», qui empile les couches de financements de logique différente. A la base: un socle fixe de revenus pour le fait d’avoir une pratique, suivi d’une part de paiement forfaitaire pour telle ou telle mission ou cycle de soins. Ensuite vient la strate du paiement à l’acte, moins épaisse qu’aujourd’hui, et enfin, au-dessus, la crème fraîche-bonus: le paiement à la performance. «Voilà l’idée. Est-elle faisable? Avec mon équipe, on organise actuellement des soirées avec le terrain, pour en discuter.» Par ailleurs, côté patients, pour les maladies chroniques où il n’y a pas de risque de sur-usage, Lieven Annemans estime que le coût-poche devrait devenir minimal.
Toutes ces évolutions doivent reposer sur un système informatique idéal, maximisant l’interconnexion. «Sans quoi, il sera difficile de changer le système. Le principe du single input [un encodage unique] doit être de mise, et peut-être servir à l’organisation du financement.» Mais avant tout, «le gouvernement doit faire un effort sur l’aspect privacy des données patients». De quoi passer, dit-il, de «Big Brother à soulsister».