Si le ressentiment vis-à-vis du tiers payant obligatoire ne fait plus la une, il n’a pas disparu pour autant. Le cercle de Hal et environs vient de se prononcer en AG contre cette coercition. Pas plus tard qu’hier, il a adressé une missive à Maggie De Block pour s’en expliquer. Sa vision reçoit l’appui déclaré d’une quinzaine d’autres cercles flamands.

Lors de l’assemblée générale du cercle de Hal et environs (Artsenkring Halle en Omgeving), 70% des membres présents ont voté contre la mesure contraignant les généralistes à appliquer d’office le tiers payant social à certaines catégories de patients. Pour avoir donné des coups de sonde dans les rangs des autres cercles flamands, nous avons compris que nous n’étions pas les seuls à mal digérer la contrainte, expliquent l’AG et le CA du cercle à la ministre fédérale de la Santé publique dans une lettre datée du 20 avril.

A l’heure qu’il est, l’obligation de TP ne concerne que les patients BIM. «Nous craignons cependant», poursuivent les signataires, «que le champ d’application du TP obligatoire ne soit à l’avenir élargi aux patients chroniques et, par la suite, à l’ensemble de la population». Ils en veulent pour preuve certaines déclarations de Maggie De Block qui, disent-ils, ne laissent planer aucun doute sur cette évolution. Pour eux, les «le papier, c’est fini» et autres «nous optons résolument pour l’eFact» cadrent particulièrement bien avec un projet de généralisation du TP.

Le cercle de Hal détaille à Maggie De Block les raisons de son opposition à l’obligation:

• charge de travail supplémentaire pour le MG; même avec un logiciel médical qui fonctionne bien, il y a inévitablement des manœuvres supplémentaires en cours de consultation;

• le MG assume en réalité le boulot d’employés des mutuelles qui sont payés pour ce faire;

• les honoraires des MG sont de facto abordables et de surcroît très bien remboursés;

• il y a risque de surconsommation de la part de la population…

• … mais aussi des médecins (ou de fraude?) (“the money is only a mouseclick away").

Mais l’effet négatif du TP obligatoire que le cercle de Hal présente comme crucial – le moteur principal de sa grogne –, c’est que la considération pour la profession de généraliste va prendre un sacré coup dans l’aventure. «Honorer le MG d’un euro (ou quelques poussières de plus) ne va certainement pas améliorer le respect pour son long cursus universitaire, la formation professionnelle continue qu’il suit, sa disponibilité, les gardes qu’il assume, les responsabilités qu’il endosse face à la maladie, la vie, la mort… Les gens ne seront plus conscients de la valeur d'un médecin généraliste.»

Autre motif d’opposition capital, qui arrive en seconde position: la perception des honoraires est et doit rester une composante essentielle de l’exercice d’une profession libérale. «L’Etat peut nous imposer des critères de qualité, mais percevoir lui-même nos honoraires, c’est aller ‘un pont trop loin’. Cela nous réduit, nous médecins généralistes, à de faux indépendants ou des fonctionnaires sans contrat, dépendants des mutuelles qui ne sont pas nos employeurs mais se profileraient bien en tant que tels. Nos employeurs, ce sont nos patients!»

Le cercle de Hal termine sa lettre à la ministre en clarifiant sa position vis-à-vis du tiers payant proprement dit: «Nous ne sommes pas contre un TP volontaire. Les MG devraient pouvoir y recourir pour les assurés avec intervention majorée, pour les patients qui sont financièrement dans le besoin, par exemple. Le médecin de famille est le mieux à même d’évaluer la situation sur ce plan, dans son colloque singulier avec le patient.»